Le Monde d’Élodie Suigo
France Info
10 Janvier 2024
Jeanne Mas est chanteuse et écrivaine.
C'est en italien qu'elle a fait ses premiers pas dans la musique, avec un premier 45 tours intitulé On The Moon en 1978.
La révélation et puis la consécration ont eu lieu en France dès 1984, avec la chanson Toute première fois.
Ensuite, elle enchaîne les tubes avec Johnny, Johnny, qui sera classé numéro 1 du Top 50 en 1985.
Extrait de son premier album éponyme, ce titre sera aussi salué par deux Victoires de la musique.
Mais quand on dit "Jeanne Mas", on pense évidemment à l'emblématique En rouge et noir.
Pour célébrer ses 40 ans de carrière, Jeanne Mas a sorti en mai dernier un nouvel album, Phosphore, et elle montera sur la scène du Casino de Paris les 15, 16 et 17 février prochain.
France Info : Que vous évoquent ces quatre décennies passées à nos côtés et sur scène ?
Jeanne Mas : Ce que je vais retenir de ces 40 ans de chansons, ce sont mes rencontres et les collaborations avec des artistes comme Daniel Balavoine, Michel Berger, Johnny Hallyday, Alain Souchon, Serge Gainsbourg.
C'est pour moi ce que je garde comme un cadeau. Et bien sûr, la rencontre avec mes fans, avec le public, qui fait que voilà, encore aujourd'hui, je peux proposer des nouveautés, de nouveaux albums.
Ce sont les deux choses magnifiques dans ma vie.
Quand sont sorties les dates de concert au Casino de Paris, il y avait un petit texte qui l'accompagnait dans lequel vous disiez : "Ni trop vieille, ni trop fatiguée, mais un peu lasse d'être casée dans le glorieux passé des années 80".
Qu'entendez-vous par là ?
Pendant 40 ans, j'ai proposé des nouveautés qui sont passées presque inaperçues.
Il n'y avait que mes fans qui y allaient, non pas parce que c'est de moins bonne qualité, mais parce que finalement, les gens, lorsqu'on me revoyait, avaient très envie de reparler de ces années 80 et oubliaient que j'existais sur le moment.
"Je suis vraiment dans l'instant présent.
D'être tout le temps projetée dans ces années 80, qui ont été des années de gloire bien sûr, mais qui m'ont aussi apporté beaucoup de tristesse avec les départs de Balavoine et de Coluche, ça me bouleverse encore aujourd'hui."
Je me suis dit : je n'ai pas d'existence et on ne peut pas résumer 40 ans de chansons avec quatre ou cinq tubes.
J'avais l'impression que je voulais proposer plus et qu'on ne m'autorisait pas à proposer plus.
C'est ça qui finalement me perturbait un peu.
Quand on regarde bien, vos textes n'ont pas pris une ride.
En rouge et noir montre à quel point vous étiez déjà en avance même sur cette notion d'émancipation.
Que représente cette chanson pour vous ?
C'est vrai que c'est une chanson qui, encore aujourd'hui, peut résonner dans la tête des gens parce que : "Si l'on m'avait conseillée, j'aurais commis moins d'erreurs", c'est si juste dans ma vie et c'est si juste dans la vie des autres, en fait, c'est une chanson qui sera intemporelle parce que c'est une expérience de vie.
Vous dites d'ailleurs : "J'exilerai mes peurs".
Ces peurs existent encore aujourd'hui ?
J'ai beaucoup moins de peurs que dans les années 80 ou lorsque j'étais jeune, bien sûr, parce que la maturité, l'expérience font que je me suis débarrassée de plein de choses, ou je les ai affrontées, ou je les ai dépassées.
"Je n'ai jamais été fragile, mais j'ai souvent été sensible.
Et on porte sur ses épaules le poids d'une enfance, d'une vie qui sont parfois des blocages en tant qu'adulte.
C'est tout ça qu'il faut savoir et apprendre à dépasser."
Ce qui a fait votre singularité, c'est justement que vous revendiquez votre différence, votre originalité, que vous avez envie de la conserver.
Comment étiez-vous enfant ?
Je ne sais pas.
Je n'aime pas le mot "soumise", mais je ne voulais jamais décevoir mes parents.
Voilà, c'était surtout ça.
Mais en fait, lorsqu'on ne veut jamais décevoir, on garde une frustration en soi qui est très douloureuse.
C'est aussi pour ça que j'ai quitté le foyer familial, ce n'était pas vraiment un foyer...
"Je suis partie en Italie à 17 ans.
J'avais besoin de vivre ma vie, d'explorer le monde.
Je suis extrêmement curieuse du monde et surtout, je ne voulais pas avoir une vie médiocre."
J'ai donné à ma vie un sens qui m'a réjouie et qui m'a soulevée.
Le premier titre qui ouvre l'album Phosphore, c'est : Rien ni personne.
Vous y dites que personne, finalement, ne peut comprendre réellement ce qu'on vit, ce qu'on endure.
Ça signifie que vous avez cette force-là de vous construire vous-même, de vous faire d'abord confiance.
Dans cet album, il y a surtout des histoires, des histoires d'amour qui tournent mal et c'est vrai que dans Rien ni personne, c'est le désarroi de celui qu'on n'entend jamais, qu'on ne voit pas et qui meurt d'amour.
Et en fait, plutôt que de mourir, lui va tuer celui qui ne le regarde pas, qui ne le voit pas et qui l'a trahi.
Je crois que parfois le manque d'amour entraîne la folie.
France Info
10 Janvier 2024
Jeanne Mas est chanteuse et écrivaine.
C'est en italien qu'elle a fait ses premiers pas dans la musique, avec un premier 45 tours intitulé On The Moon en 1978.
La révélation et puis la consécration ont eu lieu en France dès 1984, avec la chanson Toute première fois.
Ensuite, elle enchaîne les tubes avec Johnny, Johnny, qui sera classé numéro 1 du Top 50 en 1985.
Extrait de son premier album éponyme, ce titre sera aussi salué par deux Victoires de la musique.
Mais quand on dit "Jeanne Mas", on pense évidemment à l'emblématique En rouge et noir.
Pour célébrer ses 40 ans de carrière, Jeanne Mas a sorti en mai dernier un nouvel album, Phosphore, et elle montera sur la scène du Casino de Paris les 15, 16 et 17 février prochain.
France Info : Que vous évoquent ces quatre décennies passées à nos côtés et sur scène ?
Jeanne Mas : Ce que je vais retenir de ces 40 ans de chansons, ce sont mes rencontres et les collaborations avec des artistes comme Daniel Balavoine, Michel Berger, Johnny Hallyday, Alain Souchon, Serge Gainsbourg.
C'est pour moi ce que je garde comme un cadeau. Et bien sûr, la rencontre avec mes fans, avec le public, qui fait que voilà, encore aujourd'hui, je peux proposer des nouveautés, de nouveaux albums.
Ce sont les deux choses magnifiques dans ma vie.
Quand sont sorties les dates de concert au Casino de Paris, il y avait un petit texte qui l'accompagnait dans lequel vous disiez : "Ni trop vieille, ni trop fatiguée, mais un peu lasse d'être casée dans le glorieux passé des années 80".
Qu'entendez-vous par là ?
Pendant 40 ans, j'ai proposé des nouveautés qui sont passées presque inaperçues.
Il n'y avait que mes fans qui y allaient, non pas parce que c'est de moins bonne qualité, mais parce que finalement, les gens, lorsqu'on me revoyait, avaient très envie de reparler de ces années 80 et oubliaient que j'existais sur le moment.
"Je suis vraiment dans l'instant présent.
D'être tout le temps projetée dans ces années 80, qui ont été des années de gloire bien sûr, mais qui m'ont aussi apporté beaucoup de tristesse avec les départs de Balavoine et de Coluche, ça me bouleverse encore aujourd'hui."
Je me suis dit : je n'ai pas d'existence et on ne peut pas résumer 40 ans de chansons avec quatre ou cinq tubes.
J'avais l'impression que je voulais proposer plus et qu'on ne m'autorisait pas à proposer plus.
C'est ça qui finalement me perturbait un peu.
Quand on regarde bien, vos textes n'ont pas pris une ride.
En rouge et noir montre à quel point vous étiez déjà en avance même sur cette notion d'émancipation.
Que représente cette chanson pour vous ?
C'est vrai que c'est une chanson qui, encore aujourd'hui, peut résonner dans la tête des gens parce que : "Si l'on m'avait conseillée, j'aurais commis moins d'erreurs", c'est si juste dans ma vie et c'est si juste dans la vie des autres, en fait, c'est une chanson qui sera intemporelle parce que c'est une expérience de vie.
Vous dites d'ailleurs : "J'exilerai mes peurs".
Ces peurs existent encore aujourd'hui ?
J'ai beaucoup moins de peurs que dans les années 80 ou lorsque j'étais jeune, bien sûr, parce que la maturité, l'expérience font que je me suis débarrassée de plein de choses, ou je les ai affrontées, ou je les ai dépassées.
"Je n'ai jamais été fragile, mais j'ai souvent été sensible.
Et on porte sur ses épaules le poids d'une enfance, d'une vie qui sont parfois des blocages en tant qu'adulte.
C'est tout ça qu'il faut savoir et apprendre à dépasser."
Ce qui a fait votre singularité, c'est justement que vous revendiquez votre différence, votre originalité, que vous avez envie de la conserver.
Comment étiez-vous enfant ?
Je ne sais pas.
Je n'aime pas le mot "soumise", mais je ne voulais jamais décevoir mes parents.
Voilà, c'était surtout ça.
Mais en fait, lorsqu'on ne veut jamais décevoir, on garde une frustration en soi qui est très douloureuse.
C'est aussi pour ça que j'ai quitté le foyer familial, ce n'était pas vraiment un foyer...
"Je suis partie en Italie à 17 ans.
J'avais besoin de vivre ma vie, d'explorer le monde.
Je suis extrêmement curieuse du monde et surtout, je ne voulais pas avoir une vie médiocre."
J'ai donné à ma vie un sens qui m'a réjouie et qui m'a soulevée.
Le premier titre qui ouvre l'album Phosphore, c'est : Rien ni personne.
Vous y dites que personne, finalement, ne peut comprendre réellement ce qu'on vit, ce qu'on endure.
Ça signifie que vous avez cette force-là de vous construire vous-même, de vous faire d'abord confiance.
Dans cet album, il y a surtout des histoires, des histoires d'amour qui tournent mal et c'est vrai que dans Rien ni personne, c'est le désarroi de celui qu'on n'entend jamais, qu'on ne voit pas et qui meurt d'amour.
Et en fait, plutôt que de mourir, lui va tuer celui qui ne le regarde pas, qui ne le voit pas et qui l'a trahi.
Je crois que parfois le manque d'amour entraîne la folie.
JEANNE MAS LÈVE LE VOILE
TOUTE, TOUTE PREMIÈRE FOIS POUR NOUS: C'EST AUTOUR D’UN THÉ QUE NOUS RENCONTRONS JEANNE MAS.
D’ABORD TIMORÉE, L’ARTISTE QUI S’APPRÊTE À FÊTER 40 ANS DE CARRIÈRE AU CASINO DE PARIS (DU 15 AU 17 FÉVRIER) A TRÈS VITE PRIS CONFIANCE.
L’INTERPRÈTE DES TITRES CULTES EN ROUGE ET NOIR, JOHNNY, JOHNNY, J’ACCUSE ET SAUVEZ-MOI NOUS OFFRE DE BELLES CONFIDENCES DANS UN ENTRETIEN SPONTANÉ.
SA SEULE ENVIE EXPRIMÉE EN UN REFRAIN QUI VOUDRAIT CRIER : VIVRE LIBRE !
PAR ALEXANDRE LATREUILLE ET CHRISTOPHE MANGELLE
LA FRINGALE CULTURELLE : Une anecdote pour débuter cet entretien : sachant que nous allions vous rencontrer, l’un de vos admirateurs nous a conseillé de ne pas trop vous questionner sur votre carrière dans les années 1980.
Qu’en pensez-vous ?
Jeanne Mas : Je crois que ceux qui me suivent sur X [ex-Twitter, NDLR] sont très attachés à l’être que je suis aujourd’hui et à l’artiste qui leur offre de nouvelles propositions musicales, fruits de tant d’années de travail et de remise en question de ma part.
Ils ont peut-être envie que j’existe aujourd’hui plutôt que dans le passé.
LFC : Nous voulions démarrer notre échange ainsi, car nous trouvions cette demande très touchante.
Ainsi, de nombreux admirateurs vous protègent…
JM : Oui, ils sont charmants, j’ai énormément de chance.
J’ai vécu des hauts et des bas, mais il y a encore ces admirateurs qui viennent me voir en concert et qui se réjouissent de ce que je crée.
Ils me protègent, aussi.
LFC : Il est vrai que nous autres, journalistes, avons ce défaut de toujours revenir au point de départ et au « phénomène Jeanne Mas ».
Parlons-nous donc du passé et surtout du présent.
JM : Je le comprends et j’ai tout à fait conscience que je fais partie des artistes ayant innové et faisant partie d’une nouvelle vague dans les années 80.
C’était formidable et cela me permet aujourd’hui de vivre et de continuer à exister.
Mais lorsque vous décidez d’acquérir une totale liberté, les maisons de disque, au bout d’un moment, ne vous suivent plus.
J’ai donc été seule.
Pour moi, l’essentiel, en tant qu’artiste, est la créativité.
J’ai ainsi préféré exister, quitte à parfois me ramasser, et je suis fière de ce que j’ai fait.
Alors, s’il est avéré que les années 1980 sont importantes pour moi, le moment présent l’est encore davantage, car c’est celui que je vis maintenant.
Et je suis encore là.
LFC : Selon un sondage paru l’été dernier, les jeunes plébiscitent beaucoup les tubes des années 1980.
Qu’est-ce que cela exprime, selon vous ?
JM : Vous pensez qu’il y a moins de légèreté, de nos jours ?
LFC : Peut-être ?
JM : Quant à moi, je pense que c’est une transmission naturelle entre ceux qui aimaient nous écouter dans les années 1980 et leurs enfants.
Mais je constate en effet la présence de nombreux jeunes à mes concerts.
LFC : Pourquoi vouliez-vous devenir chanteuse ?
JM : Je ne me considère pas comme une chanteuse, mais comme une interprète.
Je n’ai pas la voix de Céline Dion.
C’est Daniel Balavoine qui m’avait mise sur cette voie-là.
Moi, j’exprime les mots à travers les notes de musique : sans texte, je ne sais pas chanter.
Je suis donc une interprète des mots à travers mon intonation et mon physique. Pour vous répondre, je pense que je suis née pour être artiste.
LFC : Quand l’avez-vous compris ?
JM : Très tôt, dès l’école primaire.
LFC : Vous dites être une interprète, mais tout de même, quel effet cela vous procure de savoir que vos chansons continuent de peupler les foyers ?
JM : Je ne saurai pas vous répondre.
Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai le souvenir de gens qui m’avaient écrit pour me dire combien certaines de mes chansons étaient ancrées en eux.
Petite anecdote à propos d’une lettre qui m’avait marquée : une femme me confiait que, pendant toute la période de sa thérapie pour vaincre le cancer, la chanson En rouge et noir lui avait donné une grande force.
Je considère donc qu’être artiste est ma mission sur Terre.
Je ne fais pas ça pour moi – pour ça, je jardine ! – mais pour les autres, pour leur apporter du bonheur.
LFC : Nous ressentons ça chez vous, en effet. Vous aviez même publié des livres, qui proposaient une autre forme de partage.
JM : Oui, mais j’arrête ça, car ils n’intéressent personne ! [Rires collec-
tifs.]
LFC : Parlons (enfin !) du disque Phosphore #2 !
JM : Ah ! J’ai travaillé longuement sur cet album, à un moment où j’en avais besoin.
Je me reconnais quand on dit que la musique sauve.
Phosphore #1, Phosphore #2, Phosphore remix et bientôt Phosphore remix #2.
J’ai eu une boulimie : je ne pouvais plus m’arrêter de créer !
LFC : Pourquoi ce choix de pochette, où l’on ne voit que votre buste ?
JM : Cela m’a toujours lassée d’être sur le devant d’une pochette d’album.
Là encore, mon choix découle d’une liberté : je peux montrer des visuels que j’aime de créateurs que j’apprécie.
LFC : Vous vous détachez totalement de votre visage.
JM : Absolument, car aujourd’hui, je travaille sur une œuvre et non pas sur mon personnage autour d’elle.
LFC : De quoi parle ce disque ?
JM : Cet album a plusieurs histoires.
Deux textes se détachent et sont liés à la communauté gay.
Mes amis m’ont inspirée en partageant avec moi leur vécu et leurs passions. C’est ainsi qu’est née la chanson La Lingerie d’Adam.
Autrement, les morceaux sont des voyages.
Il y a la chanson Le Lac, que j’apprécie beaucoup aussi, ou Je passe, qui exprime la solitude menant à la folie.
J’ai construit cet album de façon très spontanée.
Je pense que je n’étais pas toute seule à écrire… Enfin, cela fait partie de ma spiritualité.
On va encore se demander ce que j’ai fumé ! [Rires.]
LFC : Au fond, nous avons tous une spiritualité qui nous rend étranges auprès des autres, non ?
JM : Eh oui ! Je sais que je suis entourée d’énergie, c’est ainsi.
Je suis un être très spirituel.
C’est ce que je ressens. Mais je ne pense pas être si différente de la plupart des autres artistes.
LFC : Vous évoquez la communauté gay.
Quel est votre lien avec elle ?
JM : Je partage peut-être sa sensibilité.
Gay ou pas, je m’en fiche, vous savez.
On regarde le cœur de l’autre avant tout.
Mes amitiés ne sont pas définies selon des critères.
LFC : Quand on regarde l’affiche de votre spectacle, on se demande si c’est
un au revoir.
JM : Oui, c’est un au revoir !
LFC : « Au revoir » ne signifie pas forcément « adieu »…
JM : « Adieu » signifierait que je vais disparaître totalement.
LFC : Ce n’était pas notre idée ! [Rires.]
Aurons-nous la chance de vous… revoir ?
JM : Je suis tellement imprévisible… Mais plus j’avance dans l’âge, plus
mon visage m’irrite.
Je n’ai pas envie de verser dans l’excès pour pouvoir exister physiquement.
Par ailleurs, je crains les réactions méchantes concernant mon physique.
J’ai perdu mes compagnons de voyage : France Gall, Johnny Hallyday, Daniel Balavoine… Il est parfois bon que cela s’arrête au bon moment.
Je veux laisser une empreinte positive dans la mémoire des gens.
LFC : Vous fêtez les 40 ans de votre carrière malgré tout !
JM : Oui, on me l’a demandé.
Autrement, je ne fête pas forcément mes anniversaires…
LFC : Acceptez-vous de révéler les titres que vous allez chanter sur scène ?
JM : Je ne renonce jamais à mes tubes.
Il y aura aussi des nouveautés, beaucoup de remix, des réarrangements de chansons qui ont marqué mes admirateurs…
J’aime l’électronique et je voulais revoir certains titres qui, selon moi, avaient pris un coup de vieux.
Je prépare notamment une surprise sur le titre Vivre libres.
LFC : Pourquoi êtes-vous si séduite par l’électronique ?
JM : Pour son énergie.
J’aime la pulsion qu’entraînent ces sons.
Je vais emmener ceux qui me suivent dans la joie.
LFC : Nous vous découvrons très spontanée au fil de vos réponses !
JM : La seule façon de vivre que je connais est la liberté.
LFC : Que pouvons-nous souhaiter à la Jeanne Mas qui nous dit « au revoir » ?
JM : Rien que je ne puisse créer moi-même.
Je vis le moment présent.
LFC : Dernière question : que dirait la Jeanne Mas du présent à celle du
passé ?
JM : Tu aurais pu mieux faire !
LFC : Est-ce un regret ?
JM : Cela exprime ma vision avec quarante années de recul.
Je sais que j’ai donné le meilleur à cette époque-là, mais je sais aussi qu’on peut toujours mieux faire.
J’aurais pu être plus attentive lors de mes interviews, par exemple.
TOUTE, TOUTE PREMIÈRE FOIS POUR NOUS: C'EST AUTOUR D’UN THÉ QUE NOUS RENCONTRONS JEANNE MAS.
D’ABORD TIMORÉE, L’ARTISTE QUI S’APPRÊTE À FÊTER 40 ANS DE CARRIÈRE AU CASINO DE PARIS (DU 15 AU 17 FÉVRIER) A TRÈS VITE PRIS CONFIANCE.
L’INTERPRÈTE DES TITRES CULTES EN ROUGE ET NOIR, JOHNNY, JOHNNY, J’ACCUSE ET SAUVEZ-MOI NOUS OFFRE DE BELLES CONFIDENCES DANS UN ENTRETIEN SPONTANÉ.
SA SEULE ENVIE EXPRIMÉE EN UN REFRAIN QUI VOUDRAIT CRIER : VIVRE LIBRE !
PAR ALEXANDRE LATREUILLE ET CHRISTOPHE MANGELLE
LA FRINGALE CULTURELLE : Une anecdote pour débuter cet entretien : sachant que nous allions vous rencontrer, l’un de vos admirateurs nous a conseillé de ne pas trop vous questionner sur votre carrière dans les années 1980.
Qu’en pensez-vous ?
Jeanne Mas : Je crois que ceux qui me suivent sur X [ex-Twitter, NDLR] sont très attachés à l’être que je suis aujourd’hui et à l’artiste qui leur offre de nouvelles propositions musicales, fruits de tant d’années de travail et de remise en question de ma part.
Ils ont peut-être envie que j’existe aujourd’hui plutôt que dans le passé.
LFC : Nous voulions démarrer notre échange ainsi, car nous trouvions cette demande très touchante.
Ainsi, de nombreux admirateurs vous protègent…
JM : Oui, ils sont charmants, j’ai énormément de chance.
J’ai vécu des hauts et des bas, mais il y a encore ces admirateurs qui viennent me voir en concert et qui se réjouissent de ce que je crée.
Ils me protègent, aussi.
LFC : Il est vrai que nous autres, journalistes, avons ce défaut de toujours revenir au point de départ et au « phénomène Jeanne Mas ».
Parlons-nous donc du passé et surtout du présent.
JM : Je le comprends et j’ai tout à fait conscience que je fais partie des artistes ayant innové et faisant partie d’une nouvelle vague dans les années 80.
C’était formidable et cela me permet aujourd’hui de vivre et de continuer à exister.
Mais lorsque vous décidez d’acquérir une totale liberté, les maisons de disque, au bout d’un moment, ne vous suivent plus.
J’ai donc été seule.
Pour moi, l’essentiel, en tant qu’artiste, est la créativité.
J’ai ainsi préféré exister, quitte à parfois me ramasser, et je suis fière de ce que j’ai fait.
Alors, s’il est avéré que les années 1980 sont importantes pour moi, le moment présent l’est encore davantage, car c’est celui que je vis maintenant.
Et je suis encore là.
LFC : Selon un sondage paru l’été dernier, les jeunes plébiscitent beaucoup les tubes des années 1980.
Qu’est-ce que cela exprime, selon vous ?
JM : Vous pensez qu’il y a moins de légèreté, de nos jours ?
LFC : Peut-être ?
JM : Quant à moi, je pense que c’est une transmission naturelle entre ceux qui aimaient nous écouter dans les années 1980 et leurs enfants.
Mais je constate en effet la présence de nombreux jeunes à mes concerts.
LFC : Pourquoi vouliez-vous devenir chanteuse ?
JM : Je ne me considère pas comme une chanteuse, mais comme une interprète.
Je n’ai pas la voix de Céline Dion.
C’est Daniel Balavoine qui m’avait mise sur cette voie-là.
Moi, j’exprime les mots à travers les notes de musique : sans texte, je ne sais pas chanter.
Je suis donc une interprète des mots à travers mon intonation et mon physique. Pour vous répondre, je pense que je suis née pour être artiste.
LFC : Quand l’avez-vous compris ?
JM : Très tôt, dès l’école primaire.
LFC : Vous dites être une interprète, mais tout de même, quel effet cela vous procure de savoir que vos chansons continuent de peupler les foyers ?
JM : Je ne saurai pas vous répondre.
Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai le souvenir de gens qui m’avaient écrit pour me dire combien certaines de mes chansons étaient ancrées en eux.
Petite anecdote à propos d’une lettre qui m’avait marquée : une femme me confiait que, pendant toute la période de sa thérapie pour vaincre le cancer, la chanson En rouge et noir lui avait donné une grande force.
Je considère donc qu’être artiste est ma mission sur Terre.
Je ne fais pas ça pour moi – pour ça, je jardine ! – mais pour les autres, pour leur apporter du bonheur.
LFC : Nous ressentons ça chez vous, en effet. Vous aviez même publié des livres, qui proposaient une autre forme de partage.
JM : Oui, mais j’arrête ça, car ils n’intéressent personne ! [Rires collec-
tifs.]
LFC : Parlons (enfin !) du disque Phosphore #2 !
JM : Ah ! J’ai travaillé longuement sur cet album, à un moment où j’en avais besoin.
Je me reconnais quand on dit que la musique sauve.
Phosphore #1, Phosphore #2, Phosphore remix et bientôt Phosphore remix #2.
J’ai eu une boulimie : je ne pouvais plus m’arrêter de créer !
LFC : Pourquoi ce choix de pochette, où l’on ne voit que votre buste ?
JM : Cela m’a toujours lassée d’être sur le devant d’une pochette d’album.
Là encore, mon choix découle d’une liberté : je peux montrer des visuels que j’aime de créateurs que j’apprécie.
LFC : Vous vous détachez totalement de votre visage.
JM : Absolument, car aujourd’hui, je travaille sur une œuvre et non pas sur mon personnage autour d’elle.
LFC : De quoi parle ce disque ?
JM : Cet album a plusieurs histoires.
Deux textes se détachent et sont liés à la communauté gay.
Mes amis m’ont inspirée en partageant avec moi leur vécu et leurs passions. C’est ainsi qu’est née la chanson La Lingerie d’Adam.
Autrement, les morceaux sont des voyages.
Il y a la chanson Le Lac, que j’apprécie beaucoup aussi, ou Je passe, qui exprime la solitude menant à la folie.
J’ai construit cet album de façon très spontanée.
Je pense que je n’étais pas toute seule à écrire… Enfin, cela fait partie de ma spiritualité.
On va encore se demander ce que j’ai fumé ! [Rires.]
LFC : Au fond, nous avons tous une spiritualité qui nous rend étranges auprès des autres, non ?
JM : Eh oui ! Je sais que je suis entourée d’énergie, c’est ainsi.
Je suis un être très spirituel.
C’est ce que je ressens. Mais je ne pense pas être si différente de la plupart des autres artistes.
LFC : Vous évoquez la communauté gay.
Quel est votre lien avec elle ?
JM : Je partage peut-être sa sensibilité.
Gay ou pas, je m’en fiche, vous savez.
On regarde le cœur de l’autre avant tout.
Mes amitiés ne sont pas définies selon des critères.
LFC : Quand on regarde l’affiche de votre spectacle, on se demande si c’est
un au revoir.
JM : Oui, c’est un au revoir !
LFC : « Au revoir » ne signifie pas forcément « adieu »…
JM : « Adieu » signifierait que je vais disparaître totalement.
LFC : Ce n’était pas notre idée ! [Rires.]
Aurons-nous la chance de vous… revoir ?
JM : Je suis tellement imprévisible… Mais plus j’avance dans l’âge, plus
mon visage m’irrite.
Je n’ai pas envie de verser dans l’excès pour pouvoir exister physiquement.
Par ailleurs, je crains les réactions méchantes concernant mon physique.
J’ai perdu mes compagnons de voyage : France Gall, Johnny Hallyday, Daniel Balavoine… Il est parfois bon que cela s’arrête au bon moment.
Je veux laisser une empreinte positive dans la mémoire des gens.
LFC : Vous fêtez les 40 ans de votre carrière malgré tout !
JM : Oui, on me l’a demandé.
Autrement, je ne fête pas forcément mes anniversaires…
LFC : Acceptez-vous de révéler les titres que vous allez chanter sur scène ?
JM : Je ne renonce jamais à mes tubes.
Il y aura aussi des nouveautés, beaucoup de remix, des réarrangements de chansons qui ont marqué mes admirateurs…
J’aime l’électronique et je voulais revoir certains titres qui, selon moi, avaient pris un coup de vieux.
Je prépare notamment une surprise sur le titre Vivre libres.
LFC : Pourquoi êtes-vous si séduite par l’électronique ?
JM : Pour son énergie.
J’aime la pulsion qu’entraînent ces sons.
Je vais emmener ceux qui me suivent dans la joie.
LFC : Nous vous découvrons très spontanée au fil de vos réponses !
JM : La seule façon de vivre que je connais est la liberté.
LFC : Que pouvons-nous souhaiter à la Jeanne Mas qui nous dit « au revoir » ?
JM : Rien que je ne puisse créer moi-même.
Je vis le moment présent.
LFC : Dernière question : que dirait la Jeanne Mas du présent à celle du
passé ?
JM : Tu aurais pu mieux faire !
LFC : Est-ce un regret ?
JM : Cela exprime ma vision avec quarante années de recul.
Je sais que j’ai donné le meilleur à cette époque-là, mais je sais aussi qu’on peut toujours mieux faire.
J’aurais pu être plus attentive lors de mes interviews, par exemple.
25 Janvier 2025
GALA
Photo et interview Nikos Aliagas
JEANNE MAS
Elle ne vit pas avec la gloire du passé : elle a tout assumé, tout vécu, les hauts comme les bas, mais elle a tracé sa route.
La vraie star des années quatre- vingt, c'était elle !
Toute première fois, En rouge et noir; Johnny, Johnny et tant d'autres tubes résonnent encore dans l'esprit des Français.
Jeanne a été la première artiste femme française à remplir Bercy quatre soirs de suite en 1989.
Un phénomène.
En partant vivre quelques années plus tard aux États-Unis avec ses enfants, la chanteuse n'a pas tourné la page sur ce qu'elle a été, elle a juste écrit un nouveau chapitre de son existence.
Question de survie.
Jeanne a tout changé, son nom, son métier (elle a créé des structures pour le montage et la réalisation de films), son mode de vie également.
Un quotidien loin des paillettes et proche de la nature.
Mais la musique ne l'a jamais quittée, elle a continué à explorer, à écrire et à composer à son rythme et, surtout, avec ses envies réelles.
Son dernier album Phosphore, un mot dont les origines grecques signifient« porteur de lumière», lui va comme un gant.
Un album poétique et mystique : « Ce sont des histoires d'amour et d'exploration intérieure.
Je me suis sentie libre et en connexion totale avec le monde invisible qui nous entoure», nous glisse-t-elle.
Rencontre dans le miroir avec une femme qui a trouvé la sérénité dans l'introspection et la nature.
Jeanne Mas est toujours la même, l'aura naturellement charismatique.
Mais dans mon objectif, je vois aussi une femme apaisée qui a su transformer ses
doutes et ses souffrances en sagesse.
QUELLE EST LA PREMIÈRE CHOSE QUE VOUS REGARDEZ DANS LE MIROIR?
J'ai peu de miroirs chez moi, je ne me regarde presque jamais, ce qui m'intéresse est ce que je ressens à l'intérieur plus que ce que je vois.
MAIS QUI VOYEZ-VOUS DANS LE MIROIR?
Je vois plus une âme qu'un corps, une multitude de moi ou de rien du tout.
ON DIT QUE LES YEUX SONT LE MIROIR DE L'ÂME, QUE DISENT LES VÔTRES?
Ils me disent que je ressens encore.
QU'AIMEZ-VOUS LE MOINS CHEZ VOUS?
Je fuis l'égocentrisme, qui est un poison.
A mes débuts, j'avais besoin d'exister et d'être reconnue mais, aujourd'hui, je suis en paix avec tout cela.
QU'AIMEZ-VOUS LE PLUS?
Ma transparence, je ne vois pas nécessairement ce que voient les autres dans le miroir.
QUE DISENT VOS MAINS DE VOTRE VIE ?
J'ai des mains de travailleuse, je jardine beaucoup, j'ai un rapport puissant avec la terre, c'est tout ce qui nous rapproche de l'essentiel.
Les mains sont la deuxième expression de l'âme.
QUELLE PARTIE DE VOTRE VISAGE VOUS RAPPELLE LE PLUS VOS PARENTS ?
J'ai probablement pris des choses de mon père dans le regard mais je ne me compare pas à mes parents.
QUE SE DIT L'ARTISTE DANS LE MIROIR AVANT DE MONTER SUR SCÈNE?
Sois forte!
QUE SE DIT L'ARTISTE DANS LE MIROIR APRÈS LA SCÈNE, LORSQU'ELLE SE DÉMAQUILLE?
Ont-ils été heureux ? Leur ai-je donné suffisamment ?
C'est important de rendre le public heureux.
QUEL EST LE DANGER DE VOTRE MÉTIER?
QUE DIRIEZ-VOUS À UN OU UNE JEUNE QUI DÉBUTE?
Je lui dirais de travailler dur et de ne jamais penser qu'on est le meilleur, car on a toujours quelque chose à apprendre.
LE TEMPS QUI PASSE VOUS OBSÈDE-T-IL OU GLISSE-T-IL SUR VOUS?
Il glisse quand je suis dans l'Arizona mais quand je reviens en France, il m'obsède parce que je passe à la télé./ Rires.
SI VOUS DEVIEZ POSER UNE QUESTION À VOTRE MIROIR POUR FINIR?
Il y a quelque temps encore, je lui aurais demandé : « Qui suis-je ? » mais aujourd'hui, je crois que je me suis trouvée, alors je n'ai pas de question à lui poser.
Je me suis acceptée telle que je suis pour ne pas vivre dans l'illusion.
GALA
Photo et interview Nikos Aliagas
JEANNE MAS
Elle ne vit pas avec la gloire du passé : elle a tout assumé, tout vécu, les hauts comme les bas, mais elle a tracé sa route.
La vraie star des années quatre- vingt, c'était elle !
Toute première fois, En rouge et noir; Johnny, Johnny et tant d'autres tubes résonnent encore dans l'esprit des Français.
Jeanne a été la première artiste femme française à remplir Bercy quatre soirs de suite en 1989.
Un phénomène.
En partant vivre quelques années plus tard aux États-Unis avec ses enfants, la chanteuse n'a pas tourné la page sur ce qu'elle a été, elle a juste écrit un nouveau chapitre de son existence.
Question de survie.
Jeanne a tout changé, son nom, son métier (elle a créé des structures pour le montage et la réalisation de films), son mode de vie également.
Un quotidien loin des paillettes et proche de la nature.
Mais la musique ne l'a jamais quittée, elle a continué à explorer, à écrire et à composer à son rythme et, surtout, avec ses envies réelles.
Son dernier album Phosphore, un mot dont les origines grecques signifient« porteur de lumière», lui va comme un gant.
Un album poétique et mystique : « Ce sont des histoires d'amour et d'exploration intérieure.
Je me suis sentie libre et en connexion totale avec le monde invisible qui nous entoure», nous glisse-t-elle.
Rencontre dans le miroir avec une femme qui a trouvé la sérénité dans l'introspection et la nature.
Jeanne Mas est toujours la même, l'aura naturellement charismatique.
Mais dans mon objectif, je vois aussi une femme apaisée qui a su transformer ses
doutes et ses souffrances en sagesse.
QUELLE EST LA PREMIÈRE CHOSE QUE VOUS REGARDEZ DANS LE MIROIR?
J'ai peu de miroirs chez moi, je ne me regarde presque jamais, ce qui m'intéresse est ce que je ressens à l'intérieur plus que ce que je vois.
MAIS QUI VOYEZ-VOUS DANS LE MIROIR?
Je vois plus une âme qu'un corps, une multitude de moi ou de rien du tout.
ON DIT QUE LES YEUX SONT LE MIROIR DE L'ÂME, QUE DISENT LES VÔTRES?
Ils me disent que je ressens encore.
QU'AIMEZ-VOUS LE MOINS CHEZ VOUS?
Je fuis l'égocentrisme, qui est un poison.
A mes débuts, j'avais besoin d'exister et d'être reconnue mais, aujourd'hui, je suis en paix avec tout cela.
QU'AIMEZ-VOUS LE PLUS?
Ma transparence, je ne vois pas nécessairement ce que voient les autres dans le miroir.
QUE DISENT VOS MAINS DE VOTRE VIE ?
J'ai des mains de travailleuse, je jardine beaucoup, j'ai un rapport puissant avec la terre, c'est tout ce qui nous rapproche de l'essentiel.
Les mains sont la deuxième expression de l'âme.
QUELLE PARTIE DE VOTRE VISAGE VOUS RAPPELLE LE PLUS VOS PARENTS ?
J'ai probablement pris des choses de mon père dans le regard mais je ne me compare pas à mes parents.
QUE SE DIT L'ARTISTE DANS LE MIROIR AVANT DE MONTER SUR SCÈNE?
Sois forte!
QUE SE DIT L'ARTISTE DANS LE MIROIR APRÈS LA SCÈNE, LORSQU'ELLE SE DÉMAQUILLE?
Ont-ils été heureux ? Leur ai-je donné suffisamment ?
C'est important de rendre le public heureux.
QUEL EST LE DANGER DE VOTRE MÉTIER?
QUE DIRIEZ-VOUS À UN OU UNE JEUNE QUI DÉBUTE?
Je lui dirais de travailler dur et de ne jamais penser qu'on est le meilleur, car on a toujours quelque chose à apprendre.
LE TEMPS QUI PASSE VOUS OBSÈDE-T-IL OU GLISSE-T-IL SUR VOUS?
Il glisse quand je suis dans l'Arizona mais quand je reviens en France, il m'obsède parce que je passe à la télé./ Rires.
SI VOUS DEVIEZ POSER UNE QUESTION À VOTRE MIROIR POUR FINIR?
Il y a quelque temps encore, je lui aurais demandé : « Qui suis-je ? » mais aujourd'hui, je crois que je me suis trouvée, alors je n'ai pas de question à lui poser.
Je me suis acceptée telle que je suis pour ne pas vivre dans l'illusion.
6 Février 2024
Laparisiennelife.com
Par Steph Musicnation
Laparisiennelife.com
Par Steph Musicnation
Retrouvailles avec Jeanne Mas afin que la chanteuse puisse répondre aux questions de ses fans !
Pour la première fois, on vous sent totalement apaisée pendant cette période de promo, quelles en sont les raisons ? (Alain)
Je dirai que cela est dû à la bienveillance des gens, à leur gentillesse, à leur accueil et au plaisir que je prends en ce moment à faire cette promo.
Comment ressentez-vous l’industrie musicale aujourd’hui ? Quel est votre regard notamment sur l’émergence du streaming ? (Romuald/Joël)
Je pense que c’est très compliqué d’être artiste aujourd’hui car on vous demande plusieurs exercices.
Il faut être alerte à toutes ces interviews que l’on fait car on parle plus que l’on ne chante.
Dans les années 80, je chantais plus que je ne parlais, c’était déjà plus mon domaine car parfois, je me suis retrouvée dans des émissions où il fallait beaucoup parler et j’avais la sensation de ne pas être dans mon élément.
Il m’est arrivé de faire des interviews sur des portraits qui m’étaient consacrés et ça me mettait presque mal à l’aise car je ne voyais pas pourquoi je devais parler de moi si je ne parlais pas de ma musique.
Le métier a changé mais c’est à moi de m’adapter si je veux continuer.
En ce qui concerne le streaming, je ne suis pas contre mais je ne vois pas comment les artistes peuvent survivre aujourd’hui avec zéro rémunération sur leur travail alors que les plateformes qui utilisent leurs œuvres s’enrichissent ; il y a des abonnements mais quasiment rien n’est reversé aux artistes.
En ce qui me concerne, je préfère mettre mes chansons sur mon site Internet soit à l’achat soit gratuitement afin que les personnes qui le souhaitent puissent les écouter ; moi, ça me rapporte toujours zéro mais au moins, je garde ma dignité.
Après, chacun fait ce qu’il veut.
Jeanne ; vous qui avez sur succès grâce à la fidélité de vos fans, vous continuez à vous renouveler et ce malgré très peu de radiodiffusion de vos œuvres récentes, comment expliqueriez-vous cela ? (Cyrille)
Je dois ma motivation et mon envie de continuer à mes fans ; j’ai beaucoup de chance qu’ils soient là pour me soutenir ; mais le succès, je ne l’ai que si mon travail est bon.
Aujourd’hui, les médias s’intéressent à « Phosphore » ; et c’est formidable ; ils passent les chansons de cet album, ce qui est totalement nouveau et c'est rassurant.
Il y a beaucoup d’éloges sur cet album et sur plusieurs chansons et cela, c’est grâce à mon travail.
Pour la première fois, on vous sent totalement apaisée pendant cette période de promo, quelles en sont les raisons ? (Alain)
Je dirai que cela est dû à la bienveillance des gens, à leur gentillesse, à leur accueil et au plaisir que je prends en ce moment à faire cette promo.
Comment ressentez-vous l’industrie musicale aujourd’hui ? Quel est votre regard notamment sur l’émergence du streaming ? (Romuald/Joël)
Je pense que c’est très compliqué d’être artiste aujourd’hui car on vous demande plusieurs exercices.
Il faut être alerte à toutes ces interviews que l’on fait car on parle plus que l’on ne chante.
Dans les années 80, je chantais plus que je ne parlais, c’était déjà plus mon domaine car parfois, je me suis retrouvée dans des émissions où il fallait beaucoup parler et j’avais la sensation de ne pas être dans mon élément.
Il m’est arrivé de faire des interviews sur des portraits qui m’étaient consacrés et ça me mettait presque mal à l’aise car je ne voyais pas pourquoi je devais parler de moi si je ne parlais pas de ma musique.
Le métier a changé mais c’est à moi de m’adapter si je veux continuer.
En ce qui concerne le streaming, je ne suis pas contre mais je ne vois pas comment les artistes peuvent survivre aujourd’hui avec zéro rémunération sur leur travail alors que les plateformes qui utilisent leurs œuvres s’enrichissent ; il y a des abonnements mais quasiment rien n’est reversé aux artistes.
En ce qui me concerne, je préfère mettre mes chansons sur mon site Internet soit à l’achat soit gratuitement afin que les personnes qui le souhaitent puissent les écouter ; moi, ça me rapporte toujours zéro mais au moins, je garde ma dignité.
Après, chacun fait ce qu’il veut.
Jeanne ; vous qui avez sur succès grâce à la fidélité de vos fans, vous continuez à vous renouveler et ce malgré très peu de radiodiffusion de vos œuvres récentes, comment expliqueriez-vous cela ? (Cyrille)
Je dois ma motivation et mon envie de continuer à mes fans ; j’ai beaucoup de chance qu’ils soient là pour me soutenir ; mais le succès, je ne l’ai que si mon travail est bon.
Aujourd’hui, les médias s’intéressent à « Phosphore » ; et c’est formidable ; ils passent les chansons de cet album, ce qui est totalement nouveau et c'est rassurant.
Il y a beaucoup d’éloges sur cet album et sur plusieurs chansons et cela, c’est grâce à mon travail.
Continuez-vous aujourd’hui à travailler dans la réalisation, la production et l’édition de courts-métrages et d’albums pour d’autres artistes ? (Bruno)
Après le COVID, les productions sont devenues extrêmement compliquées.
Nous étions en face de nouveaux éléments, il fallait protéger tout le monde et les coûts devenaient insupportables pour ceux qui avaient de petits budgets pour monter des films.
Tout devenait très compliqué, il fallait qu’il ait un COVID officer, il fallait faire des tests à tout le monde, les tournages s’arrêtaient dès qu’il y avait la moindre personne qui était contaminée…c’était un vrai gouffre économique et avec mon associé, nous avons décidé d’aider les productions mais sans plus investir vraiment.
J’ai bifurqué dans le montage et j’ai partagé mon expérience avec des gens qui avaient besoin d’aide pour développer leurs idées et leurs scenarii.
Petit à petit, je me suis intéressée à d’autres choses ; j’ai même été moi-même COVID officer et c’était quand même assez plaisant.
Aujourd’hui, j’ai envie de m’investir plus dans les documentaires qui sont une forme de culture des autres et du monde.
Selon vous, quelles qualités font un grand artiste musical ? (Alina)
L’humilité, avant toute chose, car un artiste ne doit jamais penser qu’il est au-dessus de qui que ce soit.
Les plus grands artistes que j’ai croisés tout au long ma carrière ont toujours été des gens très humbles, passionnés et respectueux du public.
Êtes-vous nostalgique des années 80 ; période durant laquelle vous avez aligné des tubes devenus culte ? (Xavier)
Non.
Pourquoi devrais-je être nostalgique de quelque chose que j’ai vécu ? Ça ne peut pas continuer toute une vie.
C’est bien que ça s’arrête à un moment et que l’on puisse faire autre chose.
Je vois cela un peu comme des vagues.
Par ailleurs, ça nous donne aussi l’envie de nous renouveler car si tout était linéaire, on ne ferait plus aucun effort.
Après le COVID, les productions sont devenues extrêmement compliquées.
Nous étions en face de nouveaux éléments, il fallait protéger tout le monde et les coûts devenaient insupportables pour ceux qui avaient de petits budgets pour monter des films.
Tout devenait très compliqué, il fallait qu’il ait un COVID officer, il fallait faire des tests à tout le monde, les tournages s’arrêtaient dès qu’il y avait la moindre personne qui était contaminée…c’était un vrai gouffre économique et avec mon associé, nous avons décidé d’aider les productions mais sans plus investir vraiment.
J’ai bifurqué dans le montage et j’ai partagé mon expérience avec des gens qui avaient besoin d’aide pour développer leurs idées et leurs scenarii.
Petit à petit, je me suis intéressée à d’autres choses ; j’ai même été moi-même COVID officer et c’était quand même assez plaisant.
Aujourd’hui, j’ai envie de m’investir plus dans les documentaires qui sont une forme de culture des autres et du monde.
Selon vous, quelles qualités font un grand artiste musical ? (Alina)
L’humilité, avant toute chose, car un artiste ne doit jamais penser qu’il est au-dessus de qui que ce soit.
Les plus grands artistes que j’ai croisés tout au long ma carrière ont toujours été des gens très humbles, passionnés et respectueux du public.
Êtes-vous nostalgique des années 80 ; période durant laquelle vous avez aligné des tubes devenus culte ? (Xavier)
Non.
Pourquoi devrais-je être nostalgique de quelque chose que j’ai vécu ? Ça ne peut pas continuer toute une vie.
C’est bien que ça s’arrête à un moment et que l’on puisse faire autre chose.
Je vois cela un peu comme des vagues.
Par ailleurs, ça nous donne aussi l’envie de nous renouveler car si tout était linéaire, on ne ferait plus aucun effort.
Regrettez-vous d’être partie aux USA où y vivez-vous une vie heureuse ? Y êtes-vous connue ou préférez-vous y vivre incognito ? (Françoise)
Je vis assez incognito en Arizona et je ne regrette absolument pas d’être partie aux États-Unis ; je trouve que ce pays m’a énormément appris et donné et surtout, il m’a aidée à rester humble car on ne vous attend pas là-bas ; c’est très compliqué et en même temps, tout est possible.
Aux États-Unis, j’ai pu acquérir des connaissances et explorer des secteurs que je n’aurais jamais pu explorer en France car j’étais trop Jeanne Mas.
Je suis dans l’anonymat là-bas et cela me convient tout à fait car j’aime être une personne parmi d’autres, communiquer avec les gens, être humaine tout simplement.
En revanche, je n’aspire pas au bonheur mais au bien-être et j’y suis bien.
J’ai lu récemment que les Américains étaient classés à la seconde place ; derrière le Luxembourg ; des plus gros consommateurs de viande avec 125 kgs par habitant chaque année ; comment y vivez-vous pleinement votre véganisme ? (Stéphane)
Il faut savoir qu’il y a aussi une grande population de végans aux États-Unis.
Il y a tellement de monde aux USA… c’est quand même l’un des pays les plus peuplés au monde.
Il y a une partie des habitants qui aiment la bière et le steak, ils n’aspirent pas à une vie avec d’autres valeurs « saines », ce sont des gens qui enrichissent l’Amérique, l’industrie de la viande et l’industrie pharmaceutique car ils sont tout le temps malades.
Mais, il y a aussi un véganisme croissant, de plus en plus de restaurants végans, de gens conscients que la planète est en danger et qu’il faut faire un effort dans notre alimentation pour notre bien-être et pour celui de la planète ; si ce n’est en plus pour protéger les animaux qui ne méritent pas d’aller aussi cruellement dans des abattoirs.
En tout cas, aux États-Unis, il y a une réglementation très stricte, on n’y tue pas les animaux sauvagement.
Si les Américains aiment manger du bœuf, ce n’est pas pour autant qu’ils aiment torturer les animaux mais tout n’est que contradictions dans tous les pays.
Votre amie France Gall chantait « La Seule Chose Qui Compte »…Quelle est la seule chose qui compte pour vous ; en tout cas ; celle qui compte le plus dans votre incarnation actuelle ? (Fabien)
Dans cette incarnation, le plus important est d’arriver à des fins qui soient à la hauteur des attentes spirituelles que l’on attend de moi à savoir de mettre la compassion au centre de ma vie, ne plus juger, m’éloigner de l’égocentrisme afin d’arriver à un état de pureté où l’autre coexiste et fait ; à la limite ; partie de moi.
Je vis assez incognito en Arizona et je ne regrette absolument pas d’être partie aux États-Unis ; je trouve que ce pays m’a énormément appris et donné et surtout, il m’a aidée à rester humble car on ne vous attend pas là-bas ; c’est très compliqué et en même temps, tout est possible.
Aux États-Unis, j’ai pu acquérir des connaissances et explorer des secteurs que je n’aurais jamais pu explorer en France car j’étais trop Jeanne Mas.
Je suis dans l’anonymat là-bas et cela me convient tout à fait car j’aime être une personne parmi d’autres, communiquer avec les gens, être humaine tout simplement.
En revanche, je n’aspire pas au bonheur mais au bien-être et j’y suis bien.
J’ai lu récemment que les Américains étaient classés à la seconde place ; derrière le Luxembourg ; des plus gros consommateurs de viande avec 125 kgs par habitant chaque année ; comment y vivez-vous pleinement votre véganisme ? (Stéphane)
Il faut savoir qu’il y a aussi une grande population de végans aux États-Unis.
Il y a tellement de monde aux USA… c’est quand même l’un des pays les plus peuplés au monde.
Il y a une partie des habitants qui aiment la bière et le steak, ils n’aspirent pas à une vie avec d’autres valeurs « saines », ce sont des gens qui enrichissent l’Amérique, l’industrie de la viande et l’industrie pharmaceutique car ils sont tout le temps malades.
Mais, il y a aussi un véganisme croissant, de plus en plus de restaurants végans, de gens conscients que la planète est en danger et qu’il faut faire un effort dans notre alimentation pour notre bien-être et pour celui de la planète ; si ce n’est en plus pour protéger les animaux qui ne méritent pas d’aller aussi cruellement dans des abattoirs.
En tout cas, aux États-Unis, il y a une réglementation très stricte, on n’y tue pas les animaux sauvagement.
Si les Américains aiment manger du bœuf, ce n’est pas pour autant qu’ils aiment torturer les animaux mais tout n’est que contradictions dans tous les pays.
Votre amie France Gall chantait « La Seule Chose Qui Compte »…Quelle est la seule chose qui compte pour vous ; en tout cas ; celle qui compte le plus dans votre incarnation actuelle ? (Fabien)
Dans cette incarnation, le plus important est d’arriver à des fins qui soient à la hauteur des attentes spirituelles que l’on attend de moi à savoir de mettre la compassion au centre de ma vie, ne plus juger, m’éloigner de l’égocentrisme afin d’arriver à un état de pureté où l’autre coexiste et fait ; à la limite ; partie de moi.
L’album « Les Crises de l’Âme » aurait-il existé en tant que tel si Daniel Balavoine n’était pas décédé ? On a la sensation que vous aviez repris le flambeau en quelque sorte avec ce disque. (Alain)
Cet album a été marqué par une série de bouleversements dans ma vie ; le départ de Daniel qui était un repère pour moi, la naissance de ma fille ; ça a été beaucoup de choses pour une femme sensible comme moi, je traversais des crises de l’âme et peut-être qu’inconsciemment, j’ai voulu continuer l’œuvre de Daniel.
Seriez-vous intéressée ou favorable à un projet de biopic ou de documentaire biographique dont vous superviseriez le contenu et la réalisation ? Cela permettrait de retracer non seulement la singularité et l’éclectisme de votre travail d’artiste ; des grandes succès à des projets plus confidentiels ; mais également des questions de société qui sont complètement d’actualité et sur lesquelles vous avez été courageusement précurseuse (la question de l’égalité des sexes, les droits des femmes, la lutte contre les discriminations, l’homosexualité, l’écologie…) (Grégory)
Non car je souhaite m’éloigner de mon égocentrisme.
Ça ne m’intéresse pas car je n’ai pas envie de parler de moi ou de mes performances dans cette vie présente.
Certes, j’ai été en avance sur certains sujets mais je l’ai été sur tellement de choses que finalement, c’est moi qui me suis trompée d’époque ; j’aurais peut-être dû naître quelques temps après mais en même temps, il faut bien qu’il y ait des précurseurs.
Dénoncer les violences envers les femmes, les enfants, les homosexuels, c’est extrêmement important et on ne choisit pas son temps, on choisit juste le moment où son cœur a besoin d’exprimer cette révolte.
Depuis un certain temps, vous prônez l’utilisation de l’IA, vos pochettes sont fabriquées à partir d’éléments existants et vos textes flirtent très souvent avec un espace cosmique. Il est clair que la « Jeanne Mas » d’il y a 30 ans est loin de cet univers. A l’instar de La Blonde créé en 2006, ne serait-ce pas le moment de créer un nouveau personnage afin de pousser le curseur plus loin dans la réalisation des clips mais surtout dans une communication plus active et peut-être plus déjantée ? (Patrick)
Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir été un personnage.
En revanche, ça me plairait de créer un avatar.
On est capable de créer des choses fantastiques avec l’IA, on arrive à exprimer ce que l’on n’arriverait pas à exprimer soi-même physiquement avec un simple photographe même s’il y a des photographes talentueux.
J’ai à cœur d’explorer encore plus l’IA pour créer des clips mais aussi de nouveaux types de mixages et de remixes ; j’aimerais comprendre ces nouveaux softwares.
Cet album a été marqué par une série de bouleversements dans ma vie ; le départ de Daniel qui était un repère pour moi, la naissance de ma fille ; ça a été beaucoup de choses pour une femme sensible comme moi, je traversais des crises de l’âme et peut-être qu’inconsciemment, j’ai voulu continuer l’œuvre de Daniel.
Seriez-vous intéressée ou favorable à un projet de biopic ou de documentaire biographique dont vous superviseriez le contenu et la réalisation ? Cela permettrait de retracer non seulement la singularité et l’éclectisme de votre travail d’artiste ; des grandes succès à des projets plus confidentiels ; mais également des questions de société qui sont complètement d’actualité et sur lesquelles vous avez été courageusement précurseuse (la question de l’égalité des sexes, les droits des femmes, la lutte contre les discriminations, l’homosexualité, l’écologie…) (Grégory)
Non car je souhaite m’éloigner de mon égocentrisme.
Ça ne m’intéresse pas car je n’ai pas envie de parler de moi ou de mes performances dans cette vie présente.
Certes, j’ai été en avance sur certains sujets mais je l’ai été sur tellement de choses que finalement, c’est moi qui me suis trompée d’époque ; j’aurais peut-être dû naître quelques temps après mais en même temps, il faut bien qu’il y ait des précurseurs.
Dénoncer les violences envers les femmes, les enfants, les homosexuels, c’est extrêmement important et on ne choisit pas son temps, on choisit juste le moment où son cœur a besoin d’exprimer cette révolte.
Depuis un certain temps, vous prônez l’utilisation de l’IA, vos pochettes sont fabriquées à partir d’éléments existants et vos textes flirtent très souvent avec un espace cosmique. Il est clair que la « Jeanne Mas » d’il y a 30 ans est loin de cet univers. A l’instar de La Blonde créé en 2006, ne serait-ce pas le moment de créer un nouveau personnage afin de pousser le curseur plus loin dans la réalisation des clips mais surtout dans une communication plus active et peut-être plus déjantée ? (Patrick)
Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir été un personnage.
En revanche, ça me plairait de créer un avatar.
On est capable de créer des choses fantastiques avec l’IA, on arrive à exprimer ce que l’on n’arriverait pas à exprimer soi-même physiquement avec un simple photographe même s’il y a des photographes talentueux.
J’ai à cœur d’explorer encore plus l’IA pour créer des clips mais aussi de nouveaux types de mixages et de remixes ; j’aimerais comprendre ces nouveaux softwares.
Les concerts au Casino de Paris seront-ils filmés ? Peut-on espérer une sortie en DVD ? (Van/Titi)
Je ne saurais le dire car je ne suis pas productrice du show… Je sais juste que des images seront filmées afin de continuer la promo pour les dates supplémentaires en 2025.
Aujourd’hui, on chante devant des centaines de portables et chacun à sa propre petite vidéo de très mauvaise qualité qu’il partage sur les réseaux alors honnêtement, à quoi ça servirait de bien filmer un concert… c’est une offense à notre travail et cela porte plus préjudice aux artistes.
Allez-vous vraiment tirer votre révérence après ces concerts qui célèbrent vos 40 ans de chansons ? (Tatiana)
Je pense que je suis en train de mettre un terme à tout ce que j’ai donné jusqu’à présent sur scène.
Je ne me vois pas continuer la scène après ces concerts mais cela ne veut pas dire que je vais tirer ma révérence d’un point de vue musical car la création ne s’éteint jamais… tout est possible.
La scène, c’est beaucoup de stress, c’est très prenant physiquement et je ne veux plus vivre cela.
Si la Jeanne Mas de 1984 avait la possibilité de voyager dans le temps et qu’elle vous demandait aujourd’hui si vous avez eu la carrière que vous espériez, que lui répondriez-vous ? A l’inverse, si vous pouviez remonter le temps jusqu’en 1984, quel conseil lui donneriez-vous ? (La Parisienne Life)
C’est la carrière que je voulais avoir et je n’aurai pas de conseils à lui donner car ce qu’elle a fait, elle l’a fait spontanément, avec le cœur et avec beaucoup de naïveté.
Comme disait René Crevel : « Il faut beaucoup de naïveté pour créer de grandes choses ».
J’ai adoré cette phrase !
Je ne saurais le dire car je ne suis pas productrice du show… Je sais juste que des images seront filmées afin de continuer la promo pour les dates supplémentaires en 2025.
Aujourd’hui, on chante devant des centaines de portables et chacun à sa propre petite vidéo de très mauvaise qualité qu’il partage sur les réseaux alors honnêtement, à quoi ça servirait de bien filmer un concert… c’est une offense à notre travail et cela porte plus préjudice aux artistes.
Allez-vous vraiment tirer votre révérence après ces concerts qui célèbrent vos 40 ans de chansons ? (Tatiana)
Je pense que je suis en train de mettre un terme à tout ce que j’ai donné jusqu’à présent sur scène.
Je ne me vois pas continuer la scène après ces concerts mais cela ne veut pas dire que je vais tirer ma révérence d’un point de vue musical car la création ne s’éteint jamais… tout est possible.
La scène, c’est beaucoup de stress, c’est très prenant physiquement et je ne veux plus vivre cela.
Si la Jeanne Mas de 1984 avait la possibilité de voyager dans le temps et qu’elle vous demandait aujourd’hui si vous avez eu la carrière que vous espériez, que lui répondriez-vous ? A l’inverse, si vous pouviez remonter le temps jusqu’en 1984, quel conseil lui donneriez-vous ? (La Parisienne Life)
C’est la carrière que je voulais avoir et je n’aurai pas de conseils à lui donner car ce qu’elle a fait, elle l’a fait spontanément, avec le cœur et avec beaucoup de naïveté.
Comme disait René Crevel : « Il faut beaucoup de naïveté pour créer de grandes choses ».
J’ai adoré cette phrase !
9 Février 2024
DH.BE
La toute dernière fois de Jeanne Mas
Elle est à l’affiche du Casino de Paris du 15 au 17 février.
Trois concerts très attendus par les fans de Jeanne Mas.
D’autant plus attendus que la chanteuse a annoncé dans un long entretien accordé à VSD qu’il s’agissait d’un au revoir.
Qu’on se rassure cependant, les trois dates parisiennes ne seront pas les dernières.
Une tournée d’adieu est programmée début 2025.
Jeanne Mas se produira du 27 février au 2 mars au Trianon, toujours à Paris, avant de prendre la route, avec une étape au Théâtre Sébastopol à Lille le 23 mars et poser ses valises chez nous
trois jours plus tôt.
En effet, le 20 mars 2025, elle sera à l’affiche du Théâtre Royal de Mons.
“Il est parfois bon que cela s’arrête au bon moment.”
Jeanne Mas reste une icône des années 80.
Ses succès comme “Toute première fois”, “Johnny Johnny”, “En rouge et noir”, “Sauve-moi” ou “J’accuse” sont gravés dans la mémoire collective.
En 1985, elle avait remporté deux Victoires de la musique : Révélation variétés et Interprète féminine.
DH.BE
La toute dernière fois de Jeanne Mas
Elle est à l’affiche du Casino de Paris du 15 au 17 février.
Trois concerts très attendus par les fans de Jeanne Mas.
D’autant plus attendus que la chanteuse a annoncé dans un long entretien accordé à VSD qu’il s’agissait d’un au revoir.
Qu’on se rassure cependant, les trois dates parisiennes ne seront pas les dernières.
Une tournée d’adieu est programmée début 2025.
Jeanne Mas se produira du 27 février au 2 mars au Trianon, toujours à Paris, avant de prendre la route, avec une étape au Théâtre Sébastopol à Lille le 23 mars et poser ses valises chez nous
trois jours plus tôt.
En effet, le 20 mars 2025, elle sera à l’affiche du Théâtre Royal de Mons.
“Il est parfois bon que cela s’arrête au bon moment.”
Jeanne Mas reste une icône des années 80.
Ses succès comme “Toute première fois”, “Johnny Johnny”, “En rouge et noir”, “Sauve-moi” ou “J’accuse” sont gravés dans la mémoire collective.
En 1985, elle avait remporté deux Victoires de la musique : Révélation variétés et Interprète féminine.
Huit albums en 3 ans
Pour beaucoup, l’histoire s’est arrêtée là.
Pourtant, la chanteuse n’a jamais cessé de créer malgré les hauts et les bas.
Près d’une trentaine d’albums studio, les derniers ! Ces dernières années, elle s’est même montrée très productive.
Deux albums en 2020 – Love et Maxi Love – trois en 2021-2022 – Sapore di amore, Sapore di amore Maxi et Sapore di amore Maxi Plus – et même trois disques l’an dernier avec Phospore #1, Phosphore #2 et Phosphore RMX.
Et un Phosphore #2 RMX 2 est en préparation…
Dans l’entretien accordé à VSD, Jeanne Mas s’explique sur ce parcours qui l’a conduite des feux des projecteurs à une carrière plus discrète.
À la question de savoir si elle a perdu pied avec le succès de son premier album sur lequel elle a collaboré avec Daniel Balavoine, elle répond : “Je ne sais pas si j’ai pété les plombs, toujours est-il que je me suis laissé piéger.
Je ne gérais plus rien puisque d’autres s’en chargeaient.
Je me souciais seulement de la manière dont j’allais m’habiller, me maquiller, des bijoux que j’allais porter, des chansons que j’allais chanter et quelles chorégraphies j’allais adopter.
C’est là où on perd le contrôle parce que le succès vous happe.”
Elle explique qu’à partir de ce moment-là, peu importaient ses états d’âme ou son état de fatigue, elle était exploitée.
Aujourd’hui, Jeanne Mas déclare être loin de tous ça.
Installée en Arizona, aux États-Unis, elle n’a pas le regard braqué par-dessus son épaule pour regarder vers le passé.
Bien au contraire, elle est bien ancrée dans le présent et sur ses créations du moment.
“Aujourd’hui, je travaille sur une œuvre et non pas sur mon personnage autour d’elle”, explique-t-elle.
Pour beaucoup, l’histoire s’est arrêtée là.
Pourtant, la chanteuse n’a jamais cessé de créer malgré les hauts et les bas.
Près d’une trentaine d’albums studio, les derniers ! Ces dernières années, elle s’est même montrée très productive.
Deux albums en 2020 – Love et Maxi Love – trois en 2021-2022 – Sapore di amore, Sapore di amore Maxi et Sapore di amore Maxi Plus – et même trois disques l’an dernier avec Phospore #1, Phosphore #2 et Phosphore RMX.
Et un Phosphore #2 RMX 2 est en préparation…
Dans l’entretien accordé à VSD, Jeanne Mas s’explique sur ce parcours qui l’a conduite des feux des projecteurs à une carrière plus discrète.
À la question de savoir si elle a perdu pied avec le succès de son premier album sur lequel elle a collaboré avec Daniel Balavoine, elle répond : “Je ne sais pas si j’ai pété les plombs, toujours est-il que je me suis laissé piéger.
Je ne gérais plus rien puisque d’autres s’en chargeaient.
Je me souciais seulement de la manière dont j’allais m’habiller, me maquiller, des bijoux que j’allais porter, des chansons que j’allais chanter et quelles chorégraphies j’allais adopter.
C’est là où on perd le contrôle parce que le succès vous happe.”
Elle explique qu’à partir de ce moment-là, peu importaient ses états d’âme ou son état de fatigue, elle était exploitée.
Aujourd’hui, Jeanne Mas déclare être loin de tous ça.
Installée en Arizona, aux États-Unis, elle n’a pas le regard braqué par-dessus son épaule pour regarder vers le passé.
Bien au contraire, elle est bien ancrée dans le présent et sur ses créations du moment.
“Aujourd’hui, je travaille sur une œuvre et non pas sur mon personnage autour d’elle”, explique-t-elle.
Imprévisible Pourquoi raccrocher ? “Plus j’avance dans l’âge, plus mon visage m’irrite.
Je n’ai pas envie de verser dans l’excès pour pouvoir exister physiquement.
Par ailleurs, je crains les réactions méchantes concernant mon physique.” Et elle ajoute : “J’ai perdu mes compagnons de voyage : France Gall, Johnny Hallyday, Daniel Balavoine…
Il est parfois bon que cela s’arrête au bon moment.
Je veux laisser une empreinte positive dans la mémoire des gens.”
Ceci étant, elle précise également qu’il s’agit d’un au revoir, pas d’un adieu qui signifierait disparaître totalement.
Et puis, dit-elle, “je suis tellement imprévisible.” De quoi rassurer ses fans.
Je n’ai pas envie de verser dans l’excès pour pouvoir exister physiquement.
Par ailleurs, je crains les réactions méchantes concernant mon physique.” Et elle ajoute : “J’ai perdu mes compagnons de voyage : France Gall, Johnny Hallyday, Daniel Balavoine…
Il est parfois bon que cela s’arrête au bon moment.
Je veux laisser une empreinte positive dans la mémoire des gens.”
Ceci étant, elle précise également qu’il s’agit d’un au revoir, pas d’un adieu qui signifierait disparaître totalement.
Et puis, dit-elle, “je suis tellement imprévisible.” De quoi rassurer ses fans.
9 Février 2024
Le Monde.fr
Par Vanessa Schneider
Un apéro avec Jeanne Mas : « J’ai fait la gentille, car c’était plus facile à vendre »
Le Monde.fr
Par Vanessa Schneider
Un apéro avec Jeanne Mas : « J’ai fait la gentille, car c’était plus facile à vendre »
La silhouette est toujours aussi filiforme mais, à 65 ans, la chanteuse « en rouge et noir » n’a plus rien de gothique.
Quarante ans après ses premiers tubes, l’Américaine d’adoption remonte sur scène, à Paris.
Et se remémore ses chorés d’antan.
Jeanne Mas, dans le restaurant Le V de l’Hôtel Vernet, Paris 8ᵉ, le 17 janvier 2024.
Dans notre souvenir, on avait quitté une petite punkette un peu énervée, maquillage lourd et eye-liner étiré sur les tempes.
Quarante ans plus tard, on se retrouve en face d’une « Barbie girl ».
A vrai dire, si elle n’avait pas été en train de se faire photographier, accoudée au bar de cet hôtel chic du 8e arrondissement, on n’aurait jamais reconnu Jeanne Mas.
Lorsqu’on dansait en faisant d’amples et grotesques mouvements de bras sur Toute première fois, elle avait les cheveux noir corbeau, courts et en pétard, du rouge à lèvres sang, du violet sur les paupières, de grosses boucles d’oreilles et un bracelet de force au poignet.
Ses cheveux ont poussé, sont devenus blonds, s’écoulent en cascades ondulées sur ses épaules frêles.
Perchée sur des bottines à talons, Jeanne Mas porte un pantalon rose irisé qui rappelle plutôt les années disco, cils XXL et faux ongles rose layette.
En 2005, la chanteuse a pris ses cliques et ses claques pour s’installer aux États-Unis avec ses deux enfants.
Près de vingt ans plus tard, elle est devenue complètement américaine : végane, sportive, versée dans la spiritualité ; la totale.
Elle vit à Phoenix (Arizona), dans une maison avec jardin, ambiance un brin « popote » : « Je me suis rapprochée de la nature, j’ai beaucoup planté, j’ai passé mes journées dans les jardineries. » Parfois, elle danse toute seule dans son salon : « C’est excellent pour le cardio. » Elle croit en la réincarnation, discute avec ses plantes, dîne entre 17 heures et 18 heures, se couche avant 22 heures (« Après, je dors mal »), se lève « avec les poules, entre 4 et 5 heures ».
L’apéro ne fait pas partie de sa vie.
Exceptionnellement, elle s’octroie un verre de vin rouge, comme ce soir : « J’en profite, et puis c’est bourré d’antioxydants », pas comme la bière, « qui fait enfler ».
« Dans la vie de tous les jours, je m’épluche quelques cacahouètes avant de manger des légumes. » Elle arbore une silhouette filiforme – il n’y a pas de miracle.
Cela va sans dire, la couverture de son dernier album, Phosphore, qui accompagne son retour sur la scène française, n’est plus du tout « en rouge et noir », mais dans les tons verts.
On y voit une femme entourée de feuillages avec, en guise de tête, une boule à neige remplie de lys blancs, une fleur de paradis à la main, comme si elle s’était égarée dans une hallucination naturo-psychédélique.
« Être comme David Bowie »
Qui est vraiment Jeanne Mas ? On connaît les titres de ses tubes – Johnny, Johnny, En rouge et noir ou Sauvez-moi – mieux que sa bio.
Un furetage consciencieux dans les articles qui lui ont été consacrés depuis le mitan des années 1980 ne nous éclaire pas beaucoup.
A la manière de Mylène Farmer, l’autrice-compositrice s’est bien gardée de parler de sa vie privée.
Sa notice biographique indique qu’elle est née le 28 février 1958 à Alicante, en Espagne, mais c’est en Italie qu’elle a d’abord tenté de percer, à 17 ans.
Elle confie avoir toujours voulu être sur scène : « Enfant déjà, je montais des spectacles, j’avais besoin que l’on me voie, j’étais prête à tout pour attirer le regard des autres. »
Après une « adolescence tourmentée », elle se voit rockeuse. « Je voulais être comme David Bowie », a-t-elle confié un jour.
Mais tout ne se passe pas comme on veut dans la vie.
Pour elle, ce seront des années à bosser dans des bars, à tourner dans des publicités et à participer à des émissions de télévision, avant de connaître le succès en France.
« J’ai ramé. J’ai mis sept ans à trouver ma voix, à trouver les compositeurs qui me convenaient. »
En 1983, elle signe chez Columbia Records et, un an plus tard, fait un carton avec Toute première fois, chanson scandée par une boîte à rythmes sommaire, parfaite pour les dance floors.
« J’ai fait la gentille, car c’était plus facile à vendre », raconte-t-elle.
Elle enchaîne les tubes, gagne deux Victoires de la musique en 1985, fait son premier Olympia et, en 1986, confirme son statut de vedette avec un deuxième album et d’autres tubes.
Elle est en tête du Top 50 et peut se targuer d’être la première artiste femme à se produire à Bercy.
Elle a un premier enfant en 1987, Victoria Mas, qui deviendra une talentueuse romancière, puis un deuxième, en 1992, un garçon aujourd’hui ingénieur du son.
Artistiquement, elle a des envies d’ailleurs.
Celle qui a toujours écrit ses textes revient à un style plus rock, avec des paroles plus cash, mais le public ne suit pas.
La machine à hits se dérègle comme un disque rayé. « Je n’avais plus envie de faire de la musique pour les ventes, mais ma maison de disques n’était pas du même avis, je me suis sentie être un produit », dit-elle en souriant.
Ses producteurs se lassent de voir ses albums finir au pilon, elle trace sa route plutôt que d’avoir à quémander. « Ce n’était pas facile d’être Jeanne Mas, on attendait tellement de moi… »
« Se reconstruire de zéro »
Aux États-Unis, elle s’est d’emblée sentie à l’aise : « Rien n’est impossible, là-bas, tout est ouvert.
Les gens ne sont pas dans le jugement.
Quand on veut faire quelque chose, on vous encourage, même si votre idée ne vaut rien.
En France, on commence toujours par te dire : “Ça ne va pas marcher.” » Elle n’est pas dupe pour autant du revers de cette fausse convivialité américaine : « Aux États-Unis, les gens sont très attachés à leur vie de famille.
Ce qui vient de l’extérieur ne les intéresse pas vraiment. » D’ailleurs, en presque vingt ans, elle ne s’est pas fait d’amis.
Elle assure s’en passer, aimer la solitude.
En revanche, elle ne peut pas rester en place, n’a cessé de déménager : « J’achète, je fais des travaux et, dès que je suis installée, j’ai envie d’aller voir ailleurs.
Je suis dans une instabilité constante, et j’aime ça. »
Elle a compris, plus tard, que ses enfants avaient trouvé ça moins marrant.
Sa fille a fini par rentrer à Paris, son fils est resté. « Je les ai élevés seule et je suis fière de l’avoir fait », assure-t-elle.
Aux États-Unis, elle a d’abord appris l’anglais, dont elle ne connaissait pas un mot, a repassé son permis de conduire (le permis français n’y est plus reconnu) puis a suivi des cours à la fac, de psychologie et de biologie, avant de se lancer dans le montage de films documentaires, tout en autoproduisant ses albums.
« Se reconstruire à partir de rien rend humble, ça a été une belle leçon de vie », constate-t-elle en avalant une rasade d’eau dans la bouteille en plastique qu’elle a extirpée de son sac.
Elle vit « au jour le jour », correctement, sans rouler sur l’or, essentiellement de ses droits d’auteur.
Malgré ses vingt albums au compteur, Jeanne Mas reste connue pour une poignée de titres.
Elle s’estime déjà heureuse, d’autres n’ont qu’un seul tube à leur actif, quand elle peut remplir le Casino de Paris, du 15 au 17 février, avec ses fans restés fidèles.
Pour ses quarante ans de scène, elle jouera évidemment ses standards : « Je ne boude pas mon passé.
J’ai oublié certaines choré, mais ça revient.
Il faut toujours donner aux gens ce qu’ils ont aimé », philosophe-t-elle.
Il est déjà 20 heures, autant dire que cela fait trois heures déjà qu’elle aurait dû dîner.
Alors que l’on s’éclipse, elle commande au serveur une assiette de légumes.
Photo : Lucie Cipolla
Quarante ans après ses premiers tubes, l’Américaine d’adoption remonte sur scène, à Paris.
Et se remémore ses chorés d’antan.
Jeanne Mas, dans le restaurant Le V de l’Hôtel Vernet, Paris 8ᵉ, le 17 janvier 2024.
Dans notre souvenir, on avait quitté une petite punkette un peu énervée, maquillage lourd et eye-liner étiré sur les tempes.
Quarante ans plus tard, on se retrouve en face d’une « Barbie girl ».
A vrai dire, si elle n’avait pas été en train de se faire photographier, accoudée au bar de cet hôtel chic du 8e arrondissement, on n’aurait jamais reconnu Jeanne Mas.
Lorsqu’on dansait en faisant d’amples et grotesques mouvements de bras sur Toute première fois, elle avait les cheveux noir corbeau, courts et en pétard, du rouge à lèvres sang, du violet sur les paupières, de grosses boucles d’oreilles et un bracelet de force au poignet.
Ses cheveux ont poussé, sont devenus blonds, s’écoulent en cascades ondulées sur ses épaules frêles.
Perchée sur des bottines à talons, Jeanne Mas porte un pantalon rose irisé qui rappelle plutôt les années disco, cils XXL et faux ongles rose layette.
En 2005, la chanteuse a pris ses cliques et ses claques pour s’installer aux États-Unis avec ses deux enfants.
Près de vingt ans plus tard, elle est devenue complètement américaine : végane, sportive, versée dans la spiritualité ; la totale.
Elle vit à Phoenix (Arizona), dans une maison avec jardin, ambiance un brin « popote » : « Je me suis rapprochée de la nature, j’ai beaucoup planté, j’ai passé mes journées dans les jardineries. » Parfois, elle danse toute seule dans son salon : « C’est excellent pour le cardio. » Elle croit en la réincarnation, discute avec ses plantes, dîne entre 17 heures et 18 heures, se couche avant 22 heures (« Après, je dors mal »), se lève « avec les poules, entre 4 et 5 heures ».
L’apéro ne fait pas partie de sa vie.
Exceptionnellement, elle s’octroie un verre de vin rouge, comme ce soir : « J’en profite, et puis c’est bourré d’antioxydants », pas comme la bière, « qui fait enfler ».
« Dans la vie de tous les jours, je m’épluche quelques cacahouètes avant de manger des légumes. » Elle arbore une silhouette filiforme – il n’y a pas de miracle.
Cela va sans dire, la couverture de son dernier album, Phosphore, qui accompagne son retour sur la scène française, n’est plus du tout « en rouge et noir », mais dans les tons verts.
On y voit une femme entourée de feuillages avec, en guise de tête, une boule à neige remplie de lys blancs, une fleur de paradis à la main, comme si elle s’était égarée dans une hallucination naturo-psychédélique.
« Être comme David Bowie »
Qui est vraiment Jeanne Mas ? On connaît les titres de ses tubes – Johnny, Johnny, En rouge et noir ou Sauvez-moi – mieux que sa bio.
Un furetage consciencieux dans les articles qui lui ont été consacrés depuis le mitan des années 1980 ne nous éclaire pas beaucoup.
A la manière de Mylène Farmer, l’autrice-compositrice s’est bien gardée de parler de sa vie privée.
Sa notice biographique indique qu’elle est née le 28 février 1958 à Alicante, en Espagne, mais c’est en Italie qu’elle a d’abord tenté de percer, à 17 ans.
Elle confie avoir toujours voulu être sur scène : « Enfant déjà, je montais des spectacles, j’avais besoin que l’on me voie, j’étais prête à tout pour attirer le regard des autres. »
Après une « adolescence tourmentée », elle se voit rockeuse. « Je voulais être comme David Bowie », a-t-elle confié un jour.
Mais tout ne se passe pas comme on veut dans la vie.
Pour elle, ce seront des années à bosser dans des bars, à tourner dans des publicités et à participer à des émissions de télévision, avant de connaître le succès en France.
« J’ai ramé. J’ai mis sept ans à trouver ma voix, à trouver les compositeurs qui me convenaient. »
En 1983, elle signe chez Columbia Records et, un an plus tard, fait un carton avec Toute première fois, chanson scandée par une boîte à rythmes sommaire, parfaite pour les dance floors.
« J’ai fait la gentille, car c’était plus facile à vendre », raconte-t-elle.
Elle enchaîne les tubes, gagne deux Victoires de la musique en 1985, fait son premier Olympia et, en 1986, confirme son statut de vedette avec un deuxième album et d’autres tubes.
Elle est en tête du Top 50 et peut se targuer d’être la première artiste femme à se produire à Bercy.
Elle a un premier enfant en 1987, Victoria Mas, qui deviendra une talentueuse romancière, puis un deuxième, en 1992, un garçon aujourd’hui ingénieur du son.
Artistiquement, elle a des envies d’ailleurs.
Celle qui a toujours écrit ses textes revient à un style plus rock, avec des paroles plus cash, mais le public ne suit pas.
La machine à hits se dérègle comme un disque rayé. « Je n’avais plus envie de faire de la musique pour les ventes, mais ma maison de disques n’était pas du même avis, je me suis sentie être un produit », dit-elle en souriant.
Ses producteurs se lassent de voir ses albums finir au pilon, elle trace sa route plutôt que d’avoir à quémander. « Ce n’était pas facile d’être Jeanne Mas, on attendait tellement de moi… »
« Se reconstruire de zéro »
Aux États-Unis, elle s’est d’emblée sentie à l’aise : « Rien n’est impossible, là-bas, tout est ouvert.
Les gens ne sont pas dans le jugement.
Quand on veut faire quelque chose, on vous encourage, même si votre idée ne vaut rien.
En France, on commence toujours par te dire : “Ça ne va pas marcher.” » Elle n’est pas dupe pour autant du revers de cette fausse convivialité américaine : « Aux États-Unis, les gens sont très attachés à leur vie de famille.
Ce qui vient de l’extérieur ne les intéresse pas vraiment. » D’ailleurs, en presque vingt ans, elle ne s’est pas fait d’amis.
Elle assure s’en passer, aimer la solitude.
En revanche, elle ne peut pas rester en place, n’a cessé de déménager : « J’achète, je fais des travaux et, dès que je suis installée, j’ai envie d’aller voir ailleurs.
Je suis dans une instabilité constante, et j’aime ça. »
Elle a compris, plus tard, que ses enfants avaient trouvé ça moins marrant.
Sa fille a fini par rentrer à Paris, son fils est resté. « Je les ai élevés seule et je suis fière de l’avoir fait », assure-t-elle.
Aux États-Unis, elle a d’abord appris l’anglais, dont elle ne connaissait pas un mot, a repassé son permis de conduire (le permis français n’y est plus reconnu) puis a suivi des cours à la fac, de psychologie et de biologie, avant de se lancer dans le montage de films documentaires, tout en autoproduisant ses albums.
« Se reconstruire à partir de rien rend humble, ça a été une belle leçon de vie », constate-t-elle en avalant une rasade d’eau dans la bouteille en plastique qu’elle a extirpée de son sac.
Elle vit « au jour le jour », correctement, sans rouler sur l’or, essentiellement de ses droits d’auteur.
Malgré ses vingt albums au compteur, Jeanne Mas reste connue pour une poignée de titres.
Elle s’estime déjà heureuse, d’autres n’ont qu’un seul tube à leur actif, quand elle peut remplir le Casino de Paris, du 15 au 17 février, avec ses fans restés fidèles.
Pour ses quarante ans de scène, elle jouera évidemment ses standards : « Je ne boude pas mon passé.
J’ai oublié certaines choré, mais ça revient.
Il faut toujours donner aux gens ce qu’ils ont aimé », philosophe-t-elle.
Il est déjà 20 heures, autant dire que cela fait trois heures déjà qu’elle aurait dû dîner.
Alors que l’on s’éclipse, elle commande au serveur une assiette de légumes.
Photo : Lucie Cipolla
14 Février 2024
Libération.fr
Virginie Ballet
Jeanne Mas, toute toute dernière fois
Libération.fr
Virginie Ballet
Jeanne Mas, toute toute dernière fois
A 65 ans, l’ex-icône des années 80, s’apprête à remonter sur scène pour une ultime tournée avant de «vieillir en paix».
Vraiment, on essaie.
Il faut invoquer tous les exorcistes de la Terre pour repousser les démons du karaoké, empêcher les synthés fous de l’époque et la rengaine entêtante de tout tout ronger sur leur passage.
Pourquoi ces mots, si forts si chauds ? Qu’ils gémissaient sur ta peau ? Ah, ah...
Oui, mais voilà, à 65 ans, Jeanne Mas, icône des années 80, en a par-dessus la crête (qu’elle n’a plus), d’être sans cesse ramenée à ses tubes de l’époque.
«La bête libre», comme elle se qualifie, revient avec un album et une série de concerts, «avant que le rideau se referme» sur ce qu’elle annonce comme sa «dernière révérence» avant de «vieillir en paix».
Toute toute dernière occasion, donc, pour Libé de la rencontrer, quarante ans après la toute toute première fois.
«C’est Jeanne Mas : véhémente, un soupçon de vulgarité sadique anale, une chaleur sympathique», résumait l’auteur de l’article, quand elle était au faîte de sa gloire.
Quatre décennies plus tard, c’est une sexagénaire incontestablement assagie, quelque part entre la biche hantée par le trac et le moineau sauvage, «Born to be wild» tatoué sur le bras, qui s’amuse de prendre place sur un divan, dans la chambre d’un palace parisien taillé pour la promo.
«Je n’ai jamais fait de psychanalyse, ça tombe bien», plaisante-t-elle.
Ensemble, on a tenté de déchirer l’étrange pâleur de ses secrets.
Impressions tout tout en couleurs de l’interprète d’En rouge et noir.
Vert.
La rencontre aurait dû avoir lieu un mois plus tôt, dans une ferme-restaurant des Yvelines où elle a ses habitudes, dont elle vante les «excellentes pommes de terre» cultivées sur place, et les «poules à la crête fofolle des années 80», avec qui elle revendique, non sans autodérision, une certaine ressemblance avec celle qu’elle fut jadis.
Végétarienne depuis qu’elle a quitté le domicile parental pour tenter sa chance en Italie à 17 ans, végane depuis une dizaine d’années (elle a coécrit un livre de recettes avec son fils, installé outre-Atlantique), Jeanne Mas se fait chantre de la cause, soutient la Fondation Brigitte Bardot, revendique le «respect pour toutes les autres vies» et s’amuse de la caricature de «mangeuse d’herbe».
Sur son avant-bras, elle a fait tatouer «Vegan», aux côtés d’une silhouette de lapin, clin d’œil à Félix et Jean, deux lagomorphes de compagnie qui ont autrefois partagé son quotidien.
Nature, limite sauvage.
Depuis quelques mois, elle s’est découvert une passion pour le jardinage et les plantes. «Toucher la terre me fait vibrer. Vous jardinez, vous ?» Non, mais on vit avec un lapin.
Rouge.
Exilée aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, désormais installée au milieu des terres rouges de l’Arizona dans une vie que l’on devine plutôt solitaire, Jeanne Mas assume une forme de contradiction : tout en se désolant de l’état de la planète et de l’impact du dérèglement climatique, elle n’a pour autant pas renoncé aux vols long-courriers, notamment pour rendre visite à sa fille restée en France, la romancière Victoria Mas, remarquée pour son Bal des folles, en 2019. «J’essaie d’optimiser mes trajets quand je viens.
Avec le véganisme, je contribue à ma façon à sauver la planète», défend-elle, assurant limiter l’usage de la voiture au «strict minimum» et refuser la «surconsommation, responsable d’une pollution excessive».
Avec un air désolé : «Les humains n’ont pas compris la chance inouïe qu’ils ont de vivre sur cette planète magnifique.
Comment peut-on la détruire à ce point dans l’indifférence générale ?»
Gris.
«Lutter pour paraître encore agréable à regarder quand ton corps entier t’a déclaré la guerre est un véritable supplice», écrit-elle dans son autobiographie, jugeant que «l’âge est un poison pour les artistes féminines». Vieillir serait-il douloureux ? Tandis qu’on la questionne sur ce 65e anniversaire qui approche, et qu’elle ne fêtera pas («quelle horreur !»), la chanteuse se révèle résignée, s’amusant d’égrener des privilèges inattendus : «La vue devient floue, donc on voit moins les rides.
Et on acquiert une certaine forme de sagesse.
De toute manière, je ne peux pas rester un sex-symbol toute ma vie.
Il va falloir vous y faire, les gars !» N’en déplaise à une industrie qui aime un peu trop les femmes objet, au point de l’avoir grimée malgré elle en «Pierrot sexy» à ses débuts, la sexa rêve de s’émanciper des diktats, à l’image d’une Pamela Anderson sans maquillage sur tapis rouge, ce qu’elle «admire».
Jaune.
Si la politique française semble lointaine à l’Américaine d’adoption (elle a la double nationalité), elle continue toutefois d’en suivre l’actualité, de loin en loin.
Juge Emmanuel Macron «un peu déconnecté du peuple».
La crise des gilets jaunes lui apparaît comme l’acmé d’un «élan de désespoir», d’une «détresse» face à la vie chère et aux «salaires qui ne suivent pas».
«Et quelle réponse à tout ça ? Représenter un peuple, c’est en tenir compte.»
Violet.
On s’est pointé tout de violet vêtue. «C’est rebelle», a-t-elle commenté.
Ainsi parée aux couleurs des suffragettes, à l’écouter s’insurger du sort réservé aux femmes à travers le monde (elle se dit «révoltée» par le sort de cette Iranienne fouettée 74 fois pour «atteinte aux mœurs publiques», faute de port du voile), on s’est naturellement demandé si elle était féministe.
«Je n’aime pas trop être associée à des mouvements», entame-t-elle.
Puis : «Je ne suis pas contre les hommes, mais pour qu’on les éduque.» Elle qui dénonçait les violences conjugales dès 1986 avec Sauvez-moi («à la renverse je suis tombée /Il aurait pu m’assassiner»), puis les violences sexuelles avec J’accuse, trois ans plus tard, estime avoir payé cher ces prises de parole. L’estocade vient en 1989, lorsqu’elle adresse une lettre ouverte à François Mitterrand pour réclamer davantage de sévérité pour les auteurs de crimes sexuels, ce qui fut interprété à tort comme un plaidoyer en faveur de la peine de mort.
D’où sa prudence, qui ne l’empêche pas de saluer le mouvement #MeToo et d’espérer que le droit à l’IVG soit prochainement inscrit dans la Constitution française, le backlash américain l’ayant secouée : «Je ne veux pas qu’une bande de vieux mâles puissent décider.»
Noir.
En octobre 1985, elle revendiquait dans nos pages s’être toujours habillée ainsi, de la «seule couleur qui ne [la] lasse pas».
Sa robe bigarrée affiche aujourd’hui la couleur : la noirceur est derrière elle. Née en Espagne, elle ne souhaite rien dévoiler de ses parents ou de son enfance, passée entre Garches et Vaucresson (Hauts-de-Seine).
Tout juste lâche-t-elle avoir eu «une enfance difficile», et «avoir subi des violences sexuelles dans [s]a jeunesse».
Elle tranche : «Je ne me suis jamais sentie une victime. Il a eu le pouvoir du corps, il n’aura pas le pouvoir sur ma tête.»
Athée mais spirituelle ascendance bouddhiste, elle croit en la réincarnation, espère une «vie moins traumatisante que la précédente». Une fois pour toutes, exiler la peur."
28 février 1958 Naissance à Alicante (Espagne).
Février 1984 Premier 45T Toute première fois.
Avril 1986 En rouge et noir.
Juin 2023 Album Phosphore #2.
15 au 17 février 2024 Casino de Paris.
Vraiment, on essaie.
Il faut invoquer tous les exorcistes de la Terre pour repousser les démons du karaoké, empêcher les synthés fous de l’époque et la rengaine entêtante de tout tout ronger sur leur passage.
Pourquoi ces mots, si forts si chauds ? Qu’ils gémissaient sur ta peau ? Ah, ah...
Oui, mais voilà, à 65 ans, Jeanne Mas, icône des années 80, en a par-dessus la crête (qu’elle n’a plus), d’être sans cesse ramenée à ses tubes de l’époque.
«La bête libre», comme elle se qualifie, revient avec un album et une série de concerts, «avant que le rideau se referme» sur ce qu’elle annonce comme sa «dernière révérence» avant de «vieillir en paix».
Toute toute dernière occasion, donc, pour Libé de la rencontrer, quarante ans après la toute toute première fois.
«C’est Jeanne Mas : véhémente, un soupçon de vulgarité sadique anale, une chaleur sympathique», résumait l’auteur de l’article, quand elle était au faîte de sa gloire.
Quatre décennies plus tard, c’est une sexagénaire incontestablement assagie, quelque part entre la biche hantée par le trac et le moineau sauvage, «Born to be wild» tatoué sur le bras, qui s’amuse de prendre place sur un divan, dans la chambre d’un palace parisien taillé pour la promo.
«Je n’ai jamais fait de psychanalyse, ça tombe bien», plaisante-t-elle.
Ensemble, on a tenté de déchirer l’étrange pâleur de ses secrets.
Impressions tout tout en couleurs de l’interprète d’En rouge et noir.
Vert.
La rencontre aurait dû avoir lieu un mois plus tôt, dans une ferme-restaurant des Yvelines où elle a ses habitudes, dont elle vante les «excellentes pommes de terre» cultivées sur place, et les «poules à la crête fofolle des années 80», avec qui elle revendique, non sans autodérision, une certaine ressemblance avec celle qu’elle fut jadis.
Végétarienne depuis qu’elle a quitté le domicile parental pour tenter sa chance en Italie à 17 ans, végane depuis une dizaine d’années (elle a coécrit un livre de recettes avec son fils, installé outre-Atlantique), Jeanne Mas se fait chantre de la cause, soutient la Fondation Brigitte Bardot, revendique le «respect pour toutes les autres vies» et s’amuse de la caricature de «mangeuse d’herbe».
Sur son avant-bras, elle a fait tatouer «Vegan», aux côtés d’une silhouette de lapin, clin d’œil à Félix et Jean, deux lagomorphes de compagnie qui ont autrefois partagé son quotidien.
Nature, limite sauvage.
Depuis quelques mois, elle s’est découvert une passion pour le jardinage et les plantes. «Toucher la terre me fait vibrer. Vous jardinez, vous ?» Non, mais on vit avec un lapin.
Rouge.
Exilée aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, désormais installée au milieu des terres rouges de l’Arizona dans une vie que l’on devine plutôt solitaire, Jeanne Mas assume une forme de contradiction : tout en se désolant de l’état de la planète et de l’impact du dérèglement climatique, elle n’a pour autant pas renoncé aux vols long-courriers, notamment pour rendre visite à sa fille restée en France, la romancière Victoria Mas, remarquée pour son Bal des folles, en 2019. «J’essaie d’optimiser mes trajets quand je viens.
Avec le véganisme, je contribue à ma façon à sauver la planète», défend-elle, assurant limiter l’usage de la voiture au «strict minimum» et refuser la «surconsommation, responsable d’une pollution excessive».
Avec un air désolé : «Les humains n’ont pas compris la chance inouïe qu’ils ont de vivre sur cette planète magnifique.
Comment peut-on la détruire à ce point dans l’indifférence générale ?»
Gris.
«Lutter pour paraître encore agréable à regarder quand ton corps entier t’a déclaré la guerre est un véritable supplice», écrit-elle dans son autobiographie, jugeant que «l’âge est un poison pour les artistes féminines». Vieillir serait-il douloureux ? Tandis qu’on la questionne sur ce 65e anniversaire qui approche, et qu’elle ne fêtera pas («quelle horreur !»), la chanteuse se révèle résignée, s’amusant d’égrener des privilèges inattendus : «La vue devient floue, donc on voit moins les rides.
Et on acquiert une certaine forme de sagesse.
De toute manière, je ne peux pas rester un sex-symbol toute ma vie.
Il va falloir vous y faire, les gars !» N’en déplaise à une industrie qui aime un peu trop les femmes objet, au point de l’avoir grimée malgré elle en «Pierrot sexy» à ses débuts, la sexa rêve de s’émanciper des diktats, à l’image d’une Pamela Anderson sans maquillage sur tapis rouge, ce qu’elle «admire».
Jaune.
Si la politique française semble lointaine à l’Américaine d’adoption (elle a la double nationalité), elle continue toutefois d’en suivre l’actualité, de loin en loin.
Juge Emmanuel Macron «un peu déconnecté du peuple».
La crise des gilets jaunes lui apparaît comme l’acmé d’un «élan de désespoir», d’une «détresse» face à la vie chère et aux «salaires qui ne suivent pas».
«Et quelle réponse à tout ça ? Représenter un peuple, c’est en tenir compte.»
Violet.
On s’est pointé tout de violet vêtue. «C’est rebelle», a-t-elle commenté.
Ainsi parée aux couleurs des suffragettes, à l’écouter s’insurger du sort réservé aux femmes à travers le monde (elle se dit «révoltée» par le sort de cette Iranienne fouettée 74 fois pour «atteinte aux mœurs publiques», faute de port du voile), on s’est naturellement demandé si elle était féministe.
«Je n’aime pas trop être associée à des mouvements», entame-t-elle.
Puis : «Je ne suis pas contre les hommes, mais pour qu’on les éduque.» Elle qui dénonçait les violences conjugales dès 1986 avec Sauvez-moi («à la renverse je suis tombée /Il aurait pu m’assassiner»), puis les violences sexuelles avec J’accuse, trois ans plus tard, estime avoir payé cher ces prises de parole. L’estocade vient en 1989, lorsqu’elle adresse une lettre ouverte à François Mitterrand pour réclamer davantage de sévérité pour les auteurs de crimes sexuels, ce qui fut interprété à tort comme un plaidoyer en faveur de la peine de mort.
D’où sa prudence, qui ne l’empêche pas de saluer le mouvement #MeToo et d’espérer que le droit à l’IVG soit prochainement inscrit dans la Constitution française, le backlash américain l’ayant secouée : «Je ne veux pas qu’une bande de vieux mâles puissent décider.»
Noir.
En octobre 1985, elle revendiquait dans nos pages s’être toujours habillée ainsi, de la «seule couleur qui ne [la] lasse pas».
Sa robe bigarrée affiche aujourd’hui la couleur : la noirceur est derrière elle. Née en Espagne, elle ne souhaite rien dévoiler de ses parents ou de son enfance, passée entre Garches et Vaucresson (Hauts-de-Seine).
Tout juste lâche-t-elle avoir eu «une enfance difficile», et «avoir subi des violences sexuelles dans [s]a jeunesse».
Elle tranche : «Je ne me suis jamais sentie une victime. Il a eu le pouvoir du corps, il n’aura pas le pouvoir sur ma tête.»
Athée mais spirituelle ascendance bouddhiste, elle croit en la réincarnation, espère une «vie moins traumatisante que la précédente». Une fois pour toutes, exiler la peur."
28 février 1958 Naissance à Alicante (Espagne).
Février 1984 Premier 45T Toute première fois.
Avril 1986 En rouge et noir.
Juin 2023 Album Phosphore #2.
15 au 17 février 2024 Casino de Paris.
ok!Mugello
Massimiliano Miniati
oggi, ven 23 febbraio
Massimiliano Miniati
oggi, ven 23 febbraio
Jeanne Mas e Amanda Lear regine del febbraio parigino
Tre concerti al Casinò de Paris della straordinaria Jeanne Mas
Dalla commedia alla musica, quella inossidabile dell’interprete simbolo degli anni ’80 con le tre date al Casinò di Paris di Jeanne Mas che forte del rilancio di popolarità dell’album “Phosphore” aveva esaurito i biglietti per i tre concerti ormai da qualche mese.
Biondissima, con lo stesso fisico della ragazzina che debuttò in Italia accanto a Massimo Troisi in “Ricomincio da tre”, Jeanne è stata l’evento musicale dell’inverno parigino.
Apre lo show con “Chakirero” dall’album “Phosphore” accendendo la miccia di una bomba di entusiasmo che esplode ancora prima che il pezzo di finito,
Da quel momento in poi è un susseguirsi di successi, da “Mourir d’ennui” a “Loin d’ici” alla bellissima “Vivre libre” a “L’amour du mal”, a “Les crises de l’ame”.
Il pubblico si alza in piedi alla prima canzone e balla e canta tutto il concerto, rendendo quasi vano l’acquisto di un posto a sedere che è servito solo per tenere appoggiati i giubbotti.
I ricordi e le emozioni si mischiano ai ritmi dei brani della nuova produzione di Jeanne che negli ultimi anni ha proposto lavori straordinari come l’album “Sapore di amore” (cantato in buona parte in italiano che ha dato il via ad un rilancio meritatissimo) o quel “Goodbye je reviendrai” nel quale interpreta anche “Pensiero stupendo” che Ivano Fossati aveva scritto appositamente per lei (e che invece la RCA volle far incidere a Patty Pravo)
Jeanne è straordinaria, ironica, e quando viene informata che uno dei ballerini con i quali fece la promozione del primo disco è in sala, lo invita sul palco e ballano insieme “Cœur En Stéréo”, ed ancora la bellissima “Je passe” e “Dernière Song” (la canzone scelta dai fans su fb per la sua partecipazione a Star Academy il 30 dicembre 2023) “Désir d’insolence” e torna ai suoi intramontabili successi, la bellissima “Bulles”, “La bete libre” “L’enfant” “Lisa” “Sauvez moi”, “Johnny Johnny”“En rouge et noir” in un turbine di applausi che il teatro travolto dalle note non riesce a trattenere. poi dedica un momento a France Gall interpretando “La déclaration d'amour”
Immancabile quella “Toute Première Fois” (Mas-Musumarra-Zaneli) uscita prima in Italia come “Cuore di vento” che poi, tradotta in francese, lanciò Jeanne nell’olimpo della musica pop francese regalandole due premi come "Artista femminile dell'anno" e “Miglior interprete” alle Victoires de la musique nel 1985 e trasformandola nel personaggio simbolo di un decennio fantastico (che i francesi continuano a riportare alla memoria con l’operazione “Stars80”, 2 film e grandi tour negli stadi ai quali partecipa anche la nostra Sabrina che, guarda caso quest’anno interpretava “En rouge et noire” di Jeanne Mas)
Jeanne in italia: film “Il conte di Montecristo” di David Greene (1975) “Porca società”, di Luigi Russo (1978) “Caro papà” di Dino Risi (1979) “Ricomincio da tre,” regia di Massimo Troisi (1981) “Il cavaliere, la morte e il diavolo”, regia di Beppe Cino (1985) – 45 giri 1978 - On the Moon / It's all up to you RCA Italiana, con il quale partecipò al Cantagiro e ”Cuore di vento”/”Viens”
In Francia ha partecipato ai film Stars 80, regia di Frédéric Forestier e Thomas Langmann (2012) e Stars80 La suite, ha preso parte ad un episodio della serie poliziesca “Malone”
Prossimi appuntamenti con Jeanne Mas dal 27 febbraio al 2 marzo 2025 a Le Trianon di Parigi 4 concerti che inaugureranno una tournée che proseguirà per Lorient, Nantes, Mons, Liege, Nancy, Lille, Lyon , Marseille, Tours e Bordeaux.
17 Avril 2024
tetu.com
Par Florian Ques Maurine Charrier
Interview Jeanne Mas : "J’ai eu plusieurs relations avec des femmes"
Sensation brûlante des années 1980, Jeanne Mas entretient la flamme avec une tendresse pour le passé, les rencontres fortuites… et ses fans lesbiennes.
C’est sa “Toute première fois” dans les pages de têtu: Pourtant, nous, on a maintes fois terminé nos soirées au rythme de ses hits indémodables, “En rouge et noir” et "Johnny Jophnny" en top de playlist.
Quand on rencontre Jeanne Mas dans un hôtel parisien près des Champs-Élysées, élégamment installée dans un fauteuil trop large pour sa menue silhouette, on aurait pu ne pas la reconnaître avec son pantalon en vinyle irisé et sa longue chevelure blonde recouverte d’un gros bonnet fuchsia.
Où sont passés ses cheveux courts dynamités et ses tenues sombres empruntées au punk, les looks de ses débuts en 1984, qu’on lui connaît même si on n’était pas encore né ?
À l'époque, sa mélancolie achevait de séduire les plus sceptiques, dont de nombreuses lesbiennes qui sont tombées raides dingues de cette chanteuse androgyne et torturée, cette "petite flamme noire, forte et souple, terriblement troublante", comme la décrit la revue gouine Lesbia en 1986, après avoir assisté à sa deuxième tournée au Palais des sports.
"Le changement physique n’a rien à voir avec le changement intérieur, clarifie-t-elle aujourd’hui.
Mon âme reste la même.
Je n’aurais pas supporté de ne pas évoluer et d’arriver encore avec les cheveux en pétard et un maquillage très sombre.
" Quarante ans après ses débuts, son faible pour le noir s’est peut-être dissipé mais sa flamme, elle, demeure intacte.
Dites donc, la Jeanne des tout débuts n’aurait jamais osé porter autant de couleurs !
Elle me dirait sans doute : "T’as mis un béret vert ?! Mais qu’est-ce que tu fais avec ton pantalon rose fluo ? Tu as osé !" (Rires.)
Le noir protège, on passe incognito.
À l’époque, j’avais besoin de cette protection, car j’étais jeune, je débutais… Un jour, je me suis mise à acheter des vêtements colorés.
J’habitais aux États-Unis et là-bas, personne ne faisait attention à ce que je portais.
En revenant ici, j’ai eu envie de prolonger cette différence en mélangeant les couleurs, les formes, les matières…
Et je crois que ça me réussit. (Elle sourit.)
Où sont passées les tenues rock de l’époque ?
Beaucoup sont chez ma mère.
J’en ai jeté beaucoup d’autres parce qu’elles n’ont pas résisté au temps. J’avais voulu récupérer des shorts en me demandant si je rentrais encore dedans : illusion totale. (Rires.)
J’ai essayé plus d’une fois de me refaire brune, mais ça me déprimait tout de suite.
Avec vos chansons, votre assurance et vos looks, vous avez séduit une grande partie de la communauté lesbienne à l’époque. Vous en aviez conscience ?
Ah non ! C’est une surprise.
On m’a toujours associé à l’homosexualité des garçons et pas à celle des filles. Mais c’est cool ! Ça me touche. (Elle paraît attendrie.)
À l’époque, je ne me posais pas de questions, toutes mes copines en Italie étaient des filles qui aimaient les filles, donc j’ai été très immergée dans le milieu lesbien sans que j’y prête trop attention.
Pour moi, c’était naturel.
Je suis pour le droit d’aimer, point barre.
Votre titre “S’envoler jusqu’au bout” est identifié par beaucoup comme une chanson lesbienne mémorable. Elle s’appuyait sur une expérience perso ?
J’ai été inspirée en regardant mes amies.
Mais moi aussi, j’ai eu plusieurs relations avec des femmes.
Je les ai comptées l’autre jour, car il y a plein de choses que l’on zappe au fil de sa vie. (Rires.)
Deux femmes ensemble, ça choque bien moins que deux hommes.
Qu’une femme s’amuse avec une autre femme, ça peut même plaire à certains hommes.
Un jour, l’un d’eux m’a dit : "Ouais mais bon, le sexe de l’homme, ça doit te manquer." Quelle prétention !
J’ai eu des expériences avec des femmes, mais je les voyais avant tout comme des êtres.
Après c’est vrai que je suis née avec une attirance avant tout pour le mâle…
Vous vous souvenez de la première fois qu’une femme vous a troublée ?
J’étais dans l’avion avec ma famille.
Dans le siège à côté de moi, il y avait l’actrice allemande Nastassja Kinski, qui avait gentiment ramassé le joujou de ma fille.
Je la remercie, je reste discrète.
Et avant de sortir de l’avion, elle se retrouve derrière moi et elle me susurre à l’oreille : "J’adore ce que vous faites." Elle m’a tellement troublée, parce que j’ai senti son énergie, je suis rentrée toute chamboulée.
C’est la première fois qu’une femme me troublait vraiment.
Son énergie m’a pénétrée.
Je ne pouvais pas lui laisser mon numéro parce qu’il y avait ma fille et mon compagnon, mais j’aurais beaucoup aimé.
C’était une belle sensation, c’est un beau souvenir.
Vous êtes souvent draguée par des femmes ?
Je ne sors pas beaucoup donc ça limite totalement les possibilités. (Elle sourit.)
Mais non, je ne pense pas.
Je me suis un peu détachée de tout ce qui est vie sentimentale.
Par lassitude ?
Par choix.
Celui de ne plus être perturbée par ce genre d’émotions et de me consacrer uniquement à mon travail et à ce qui me tient à cœur.
Mais aussi par peur de moi-même, de ne pas être à la hauteur.
Je choisis la solitude.
Mon dernier compagnon, lorsqu’il est parti dans l’autre monde, je m’en suis voulue car j’ai été terriblement chiante juste avant.
Il s’est fait renverser et j’avais peur qu’il soit parti avec de la tristesse ou des sentiments négatifs à cause de moi.
C’est là que j’ai décidé d’en rester là.
Si je dois revivre quelque chose, ça me tombera dessus par hasard.
Pensez-vous avoir ouvert la voie aux nouvelles chanteuses de la scène francophone ?
J’ai entendu parler d’Angèle, de Hoshi, de Christine and the Queens…
Mais artistiquement, je ne connais pas leur carrière.
Dans les années 1980, il y avait des femmes androgynes, comme Annie Lennox ou Nina Hagen.
On assumait notre personnalité.
Peut-être que ça a ouvert des portes…
Je ne m’en rends pas compte, je n’ai pas ce recul.
Aujourd’hui, quand on me parle de ces jeunes artistes, je me dis que c’est la suite logique.
tetu.com
Par Florian Ques Maurine Charrier
Interview Jeanne Mas : "J’ai eu plusieurs relations avec des femmes"
Sensation brûlante des années 1980, Jeanne Mas entretient la flamme avec une tendresse pour le passé, les rencontres fortuites… et ses fans lesbiennes.
C’est sa “Toute première fois” dans les pages de têtu: Pourtant, nous, on a maintes fois terminé nos soirées au rythme de ses hits indémodables, “En rouge et noir” et "Johnny Jophnny" en top de playlist.
Quand on rencontre Jeanne Mas dans un hôtel parisien près des Champs-Élysées, élégamment installée dans un fauteuil trop large pour sa menue silhouette, on aurait pu ne pas la reconnaître avec son pantalon en vinyle irisé et sa longue chevelure blonde recouverte d’un gros bonnet fuchsia.
Où sont passés ses cheveux courts dynamités et ses tenues sombres empruntées au punk, les looks de ses débuts en 1984, qu’on lui connaît même si on n’était pas encore né ?
À l'époque, sa mélancolie achevait de séduire les plus sceptiques, dont de nombreuses lesbiennes qui sont tombées raides dingues de cette chanteuse androgyne et torturée, cette "petite flamme noire, forte et souple, terriblement troublante", comme la décrit la revue gouine Lesbia en 1986, après avoir assisté à sa deuxième tournée au Palais des sports.
"Le changement physique n’a rien à voir avec le changement intérieur, clarifie-t-elle aujourd’hui.
Mon âme reste la même.
Je n’aurais pas supporté de ne pas évoluer et d’arriver encore avec les cheveux en pétard et un maquillage très sombre.
" Quarante ans après ses débuts, son faible pour le noir s’est peut-être dissipé mais sa flamme, elle, demeure intacte.
Dites donc, la Jeanne des tout débuts n’aurait jamais osé porter autant de couleurs !
Elle me dirait sans doute : "T’as mis un béret vert ?! Mais qu’est-ce que tu fais avec ton pantalon rose fluo ? Tu as osé !" (Rires.)
Le noir protège, on passe incognito.
À l’époque, j’avais besoin de cette protection, car j’étais jeune, je débutais… Un jour, je me suis mise à acheter des vêtements colorés.
J’habitais aux États-Unis et là-bas, personne ne faisait attention à ce que je portais.
En revenant ici, j’ai eu envie de prolonger cette différence en mélangeant les couleurs, les formes, les matières…
Et je crois que ça me réussit. (Elle sourit.)
Où sont passées les tenues rock de l’époque ?
Beaucoup sont chez ma mère.
J’en ai jeté beaucoup d’autres parce qu’elles n’ont pas résisté au temps. J’avais voulu récupérer des shorts en me demandant si je rentrais encore dedans : illusion totale. (Rires.)
J’ai essayé plus d’une fois de me refaire brune, mais ça me déprimait tout de suite.
Avec vos chansons, votre assurance et vos looks, vous avez séduit une grande partie de la communauté lesbienne à l’époque. Vous en aviez conscience ?
Ah non ! C’est une surprise.
On m’a toujours associé à l’homosexualité des garçons et pas à celle des filles. Mais c’est cool ! Ça me touche. (Elle paraît attendrie.)
À l’époque, je ne me posais pas de questions, toutes mes copines en Italie étaient des filles qui aimaient les filles, donc j’ai été très immergée dans le milieu lesbien sans que j’y prête trop attention.
Pour moi, c’était naturel.
Je suis pour le droit d’aimer, point barre.
Votre titre “S’envoler jusqu’au bout” est identifié par beaucoup comme une chanson lesbienne mémorable. Elle s’appuyait sur une expérience perso ?
J’ai été inspirée en regardant mes amies.
Mais moi aussi, j’ai eu plusieurs relations avec des femmes.
Je les ai comptées l’autre jour, car il y a plein de choses que l’on zappe au fil de sa vie. (Rires.)
Deux femmes ensemble, ça choque bien moins que deux hommes.
Qu’une femme s’amuse avec une autre femme, ça peut même plaire à certains hommes.
Un jour, l’un d’eux m’a dit : "Ouais mais bon, le sexe de l’homme, ça doit te manquer." Quelle prétention !
J’ai eu des expériences avec des femmes, mais je les voyais avant tout comme des êtres.
Après c’est vrai que je suis née avec une attirance avant tout pour le mâle…
Vous vous souvenez de la première fois qu’une femme vous a troublée ?
J’étais dans l’avion avec ma famille.
Dans le siège à côté de moi, il y avait l’actrice allemande Nastassja Kinski, qui avait gentiment ramassé le joujou de ma fille.
Je la remercie, je reste discrète.
Et avant de sortir de l’avion, elle se retrouve derrière moi et elle me susurre à l’oreille : "J’adore ce que vous faites." Elle m’a tellement troublée, parce que j’ai senti son énergie, je suis rentrée toute chamboulée.
C’est la première fois qu’une femme me troublait vraiment.
Son énergie m’a pénétrée.
Je ne pouvais pas lui laisser mon numéro parce qu’il y avait ma fille et mon compagnon, mais j’aurais beaucoup aimé.
C’était une belle sensation, c’est un beau souvenir.
Vous êtes souvent draguée par des femmes ?
Je ne sors pas beaucoup donc ça limite totalement les possibilités. (Elle sourit.)
Mais non, je ne pense pas.
Je me suis un peu détachée de tout ce qui est vie sentimentale.
Par lassitude ?
Par choix.
Celui de ne plus être perturbée par ce genre d’émotions et de me consacrer uniquement à mon travail et à ce qui me tient à cœur.
Mais aussi par peur de moi-même, de ne pas être à la hauteur.
Je choisis la solitude.
Mon dernier compagnon, lorsqu’il est parti dans l’autre monde, je m’en suis voulue car j’ai été terriblement chiante juste avant.
Il s’est fait renverser et j’avais peur qu’il soit parti avec de la tristesse ou des sentiments négatifs à cause de moi.
C’est là que j’ai décidé d’en rester là.
Si je dois revivre quelque chose, ça me tombera dessus par hasard.
Pensez-vous avoir ouvert la voie aux nouvelles chanteuses de la scène francophone ?
J’ai entendu parler d’Angèle, de Hoshi, de Christine and the Queens…
Mais artistiquement, je ne connais pas leur carrière.
Dans les années 1980, il y avait des femmes androgynes, comme Annie Lennox ou Nina Hagen.
On assumait notre personnalité.
Peut-être que ça a ouvert des portes…
Je ne m’en rends pas compte, je n’ai pas ce recul.
Aujourd’hui, quand on me parle de ces jeunes artistes, je me dis que c’est la suite logique.
23 avril 2024
C. Masson & Lewitt
LEWITT MTP W950 sur scène avec Jeanne Mas
On n’a pas encore l’habitude de le voir sur les concerts, mais avec sa véritable capsule à condensateur de 1” et une réjection arrière de 90%, le nouveau micro chant MTP W950 de Lewitt a beaucoup d’arguments pour convaincre.
Parmi les premiers séduits, Corentin Bulard (ingé monitor) et Clément Soulignac (ingé foh). Nous les avons rencontrés au Casino de Paris sur une des dates parisiennes de Jeanne Mas.
Nous nous retrouvons au concert de l’artiste dans un bel environnement technique : régies face et retours en Avid S6L, HF Shure AD4Q plus PSM1000 pour les ears et réverbération Bricasti sur la voix. Retour, side et renfort de grave sur la scène…Tous les ingrédients sont réunis pour une prise de voix complexe, mais qui s’est avérée beaucoup plus facile que prévu grâce au MTP W950.
Corentin Bulard, au mixage retour de Jeanne Mas : “J’ai découvert ce micro pendant la résidence de Jeanne Mas. On est parti avec une solution de captation classique sur la voix, celle qui a été utilisée durant la tournée précédente ce qui ne me gênait pas plus que ça.
Au bout du premier jour de préprod, force est de constater que cela ne fonctionne pas bien pour capter tous les détails de la voix de l’artiste et maîtriser les écarts de dynamique très importants en fonction des titres. C’est à ce moment que, contacté par le directeur musical, Bertrand Allaume (expert produit Lewitt en France) est venu nous voir et m’a proposé d’essayer le W950.”
Pour la plupart des micros main, le passage en HF est généralement synonyme d’achat d’une deuxième capsule, si toutefois elle est compatible avec le système utilisé.
Le MTP W950, en plus de ses caractéristiques sonores que nous allons voir plus loin, offre l’avantage considérable de posséder une capsule qui se dévisse et peut être nativement adaptée sur un émetteur main compatible Shure, et avec un adaptateur sur les autres systèmes.
“Cette capsule nous a vraiment surpris.” poursuit Corentin “Je ne partais pas confiant car je dois l’avouer, j’étais resté dans mon image de Lewitt comme marque plutôt entrée de gamme.
Mais cherchant une autre option et un peu à court de temps, je suis allé immédiatement l’essayer sur scène devant les wedges. Sans aucun traitement, juste avec un simple coupe-bas, je pouvais rester devant avec un gain très ouvert, il ne partait pas, même en le pointant dans leur direction.
Nous avons ensuite, avec Clément, pris le temps de l’écouter. La voix de Jeanne est subtile. Après des moments très énergiques, on peut passer dans des ambiances quasi ‘balade’ avec un accompagnement qui reste très présente derrière.
C’est donc vraiment plaisant d’avoir un micro très stable, que ce soit en effet de proximité, en directivité et face au larsen. Avec une restitution fidèle de la voix de Jeanne en façade, cela a été un oui direct. »
C. Masson & Lewitt
LEWITT MTP W950 sur scène avec Jeanne Mas
On n’a pas encore l’habitude de le voir sur les concerts, mais avec sa véritable capsule à condensateur de 1” et une réjection arrière de 90%, le nouveau micro chant MTP W950 de Lewitt a beaucoup d’arguments pour convaincre.
Parmi les premiers séduits, Corentin Bulard (ingé monitor) et Clément Soulignac (ingé foh). Nous les avons rencontrés au Casino de Paris sur une des dates parisiennes de Jeanne Mas.
Nous nous retrouvons au concert de l’artiste dans un bel environnement technique : régies face et retours en Avid S6L, HF Shure AD4Q plus PSM1000 pour les ears et réverbération Bricasti sur la voix. Retour, side et renfort de grave sur la scène…Tous les ingrédients sont réunis pour une prise de voix complexe, mais qui s’est avérée beaucoup plus facile que prévu grâce au MTP W950.
Corentin Bulard, au mixage retour de Jeanne Mas : “J’ai découvert ce micro pendant la résidence de Jeanne Mas. On est parti avec une solution de captation classique sur la voix, celle qui a été utilisée durant la tournée précédente ce qui ne me gênait pas plus que ça.
Au bout du premier jour de préprod, force est de constater que cela ne fonctionne pas bien pour capter tous les détails de la voix de l’artiste et maîtriser les écarts de dynamique très importants en fonction des titres. C’est à ce moment que, contacté par le directeur musical, Bertrand Allaume (expert produit Lewitt en France) est venu nous voir et m’a proposé d’essayer le W950.”
Pour la plupart des micros main, le passage en HF est généralement synonyme d’achat d’une deuxième capsule, si toutefois elle est compatible avec le système utilisé.
Le MTP W950, en plus de ses caractéristiques sonores que nous allons voir plus loin, offre l’avantage considérable de posséder une capsule qui se dévisse et peut être nativement adaptée sur un émetteur main compatible Shure, et avec un adaptateur sur les autres systèmes.
“Cette capsule nous a vraiment surpris.” poursuit Corentin “Je ne partais pas confiant car je dois l’avouer, j’étais resté dans mon image de Lewitt comme marque plutôt entrée de gamme.
Mais cherchant une autre option et un peu à court de temps, je suis allé immédiatement l’essayer sur scène devant les wedges. Sans aucun traitement, juste avec un simple coupe-bas, je pouvais rester devant avec un gain très ouvert, il ne partait pas, même en le pointant dans leur direction.
Nous avons ensuite, avec Clément, pris le temps de l’écouter. La voix de Jeanne est subtile. Après des moments très énergiques, on peut passer dans des ambiances quasi ‘balade’ avec un accompagnement qui reste très présente derrière.
C’est donc vraiment plaisant d’avoir un micro très stable, que ce soit en effet de proximité, en directivité et face au larsen. Avec une restitution fidèle de la voix de Jeanne en façade, cela a été un oui direct. »
En plus de sa faible sensibilité au larsen qui permet un réglage de gain parfaitement adapté aux chanteurs avec une large plage dynamique, le MTP W950 propose deux directivités, supercardioïde et cardioïde. Sa capsule avec sa protection double couche, comporte un sélecteur pour changer la directivité, logé sous la bonnette anti-vent pour éviter toute manœuvre non désirée. On y trouve également la mise en service de l’atténuation de 12 dB et du filtre coupe-bas à 120 Hz.
“Comme j’ai des side de chaque côté de la scène et que Jeanne reste pas mal au point lead, je l’utilise en mode supercardioïde grâce auquel je dispose d’une directivité contrôlée qui retarde l’accrochage et nettoie pas mal l’environnement. Il a une couleur très agréable et, avec très peu de traitements, j’obtiens tout de suite un son agréable à l’écoute dans les ears et les wedges. J’ai juste un coupe bas et un F6 de Waves qui travaille sur le bas mid, point final.” conclut Corentin.
Le MTP W950 s’avère concluant dans les retours. Qu’en est-il dans la face ? Nous retrouvons Clément Soulignac qui en plus de partager les avantages pratiques du microphone, nous confirme ses caractéristiques sonores : « Une jolie brillance, de beaux aigus. La voix de Jeanne a un gros bas médium, beaucoup de 300 Hz, qui était un problème avec du traditionnel et qui ne l’est plus du tout avec ce micro.
C’est aussi très agréable dans le grave, et en même temps j’ai de jolies sifflantes qui vivent très bien dans les réverbes. Sa restitution de la dynamique est très bonne, il retranscrit parfaitement la voix de Jeanne dans toutes les situations. »
Un micro statique qui semble bien adapté ici à une voix fine et délicate, parfaitement mise en valeur dans un mix années 80 riche et percutant. Une double directivité et une capsule qui se dévisse pour passer en HF. Un son bien maîtrisé dans le bas et des aigus soyeux. Le MTP W950 interpelle par son équilibre sonore, son côté très pratique, sa polyvalence et son adaptabilité à la scène.
“Comme j’ai des side de chaque côté de la scène et que Jeanne reste pas mal au point lead, je l’utilise en mode supercardioïde grâce auquel je dispose d’une directivité contrôlée qui retarde l’accrochage et nettoie pas mal l’environnement. Il a une couleur très agréable et, avec très peu de traitements, j’obtiens tout de suite un son agréable à l’écoute dans les ears et les wedges. J’ai juste un coupe bas et un F6 de Waves qui travaille sur le bas mid, point final.” conclut Corentin.
Le MTP W950 s’avère concluant dans les retours. Qu’en est-il dans la face ? Nous retrouvons Clément Soulignac qui en plus de partager les avantages pratiques du microphone, nous confirme ses caractéristiques sonores : « Une jolie brillance, de beaux aigus. La voix de Jeanne a un gros bas médium, beaucoup de 300 Hz, qui était un problème avec du traditionnel et qui ne l’est plus du tout avec ce micro.
C’est aussi très agréable dans le grave, et en même temps j’ai de jolies sifflantes qui vivent très bien dans les réverbes. Sa restitution de la dynamique est très bonne, il retranscrit parfaitement la voix de Jeanne dans toutes les situations. »
Un micro statique qui semble bien adapté ici à une voix fine et délicate, parfaitement mise en valeur dans un mix années 80 riche et percutant. Une double directivité et une capsule qui se dévisse pour passer en HF. Un son bien maîtrisé dans le bas et des aigus soyeux. Le MTP W950 interpelle par son équilibre sonore, son côté très pratique, sa polyvalence et son adaptabilité à la scène.